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.Pas cher, mais elles donnent l’impression de vivre seul dans une maison pleine de courants d’air.En plus, les circuits du goût ne sont jamais réglés correctement.Tout ce que vous mangez a un goût de curry à la sciure.Dans la cabine, j’ai trouvé un costume d’été plié sur la banquette, ainsi qu’un miroir accroché au mur.Sur la pile de vêtements se trouvait une simple montre en acier et sous la montre une enveloppe avec mon nom écrit dessus.J’ai retenu mon souffle et je me suis tourné vers le miroir.C’est toujours le plus dur.Vingt ans que je fais ça et, pourtant, lever les yeux vers un miroir et voir un total inconnu me regarder en retour est toujours un sacré choc.C’est comme visualiser un autostéréogramme.Durant les premières secondes, on ne voit qu’un étranger qui vous dévisage derrière la fenêtre.Puis, en faisant le point, on se sent flotter derrière le masque et y adhérer avec un choc presque physique…C’est comme si quelqu’un coupait un cordon ombilical mais, au lieu de vous séparer, c’est l’autre qui se fait éliminer et vous finissez seul devant votre reflet.Je suis resté là à m’essuyer, essayant de m’habituer à mon visage.Il était 100 % caucasien, ce qui était un changement pour moi.S’il existait une voie facile, l’homme qui portait ce visage ne l’avait jamais trouvée.Même avec la pâleur caractéristique d’un séjour prolongé en cuve, ses traits donnaient l’impression d’avoir été battus par les éléments.Sa peau était striée de rides.Ses cheveux épais coupés court étaient bruns et parsemés de gris.Ses yeux avaient une nuance de bleu et j’ai vu la trace d’une cicatrice au-dessus de son sourcil gauche.Levant mon bras gauche pour voir l’histoire qui y était écrite, je me suis demandé si les deux étaient liées.L’enveloppe sous la montre contenait une feuille de papier.Signature manuelle.Très original.Bienvenue sur Terre, le plus ancien des mondes civilisés.J’ai haussé les épaules et parcouru la lettre avant de m’habiller et de la plier dans la veste de mon nouveau costume.Après un dernier coup d’œil au miroir, j’ai enfilé ma montre et je suis sorti rencontrer la police.Il était quatre heures et quart, heure locale.La doctoresse m’attendait, assise derrière la longue courbe du comptoir de la réception, remplissant les formulaires à l’écran.Un homme en noir, mince et sévère, se tenait à côté d’elle.Il n’y avait personne d’autre dans la pièce.J’ai regardé autour de moi, puis je me suis adressé à l’homme.— C’est vous, la police ?— Dehors, a-t-il dit en montrant la porte.Cet endroit ne fait pas partie de leur juridiction.Ils ont besoin d’un mandat spécial pour entrer.Nous avons notre propre service de sécurité.— Et vous êtes ?Il m’a regardé avec sur son visage la même expression que la doctoresse.— Gardien Sullivan, directeur du central de Bay City, le complexe que vous quittez…— Vous n’avez pas l’air ravi de vous débarrasser de moi.Sullivan m’a lancé un regard sec.— Vous êtes un récidiviste, Kovacs.Je n’ai jamais compris pourquoi on gâchait de la chair et du sang pour des êtres tels que vous.J’ai touché ma lettre dans ma poche de poitrine.— Par chance, M.Bancroft n’est pas d’accord avec vous.Il est censé m’envoyer une limousine.Elle m’attend dehors ?— Je n’ai pas regardé.Quelque part sur le comptoir, un signal sonore a résonné.La doctoresse avait terminé d’entrer les données.Elle a détaché la copie imprimée, l’a paraphée et passée à Sullivan.Le gardien a pris la page, l’a étudiée en plissant les yeux avant d’y inscrire sa propre signature et de me la tendre.— Takeshi Lev Kovacs, par les pouvoirs qui me sont conférés par le pacte de Justice des Nations unies, je vous relaxe et vous place sous la responsabilité de Laurens J.Bancroft, pour une période ne pouvant excéder six semaines, période à la suite de laquelle votre liberté conditionnelle sera étudiée de nouveau, a-t-il dit avec le même défaut de prononciation que le technicien de la cuve.Signez ici, s’il vous plaît.J’ai pris le stylo et j’ai signé de mon nom avec l’écriture de quelqu’un d’autre à côté du doigt du gardien.Sullivan a séparé les exemplaires et m’a donné le rose.La doctoresse lui a tendu la seconde liasse.— Ceci est la déclaration d’un médecin certifiant que Takeshi Kovacs (h.d.) a été reçu intact de l’administration de la Justice de Harlan, et par la suite enveloppé dans ce corps.J’en ai été témoin en direct ainsi que par circuit vidéo interne.Une copie du disque contenant les détails de la transmission et les données de la cuve est jointe au dossier.Signez la déclaration, s’il vous plaît.J’ai regardé en l’air et cherché en vain les caméras.Enfin, ça ne valait pas le coup de se faire suer.J’ai gribouillé ma signature une deuxième fois.— Voici une copie de l’accord de leasing par lequel vous êtes lié.Lisez-le avec soin, je vous prie.Tout manquement à l’un des articles pourrait entraîner un stockage immédiat afin de terminer votre peine ici, ou dans un autre complexe au choix de l’Administration.Comprenez-vous ces termes et les acceptez-vous ?J’ai pris la feuille et je l’ai rapidement survolée.C’était standard.Une version modifiée de l’accord de conditionnelle que j’avais signé une demi-douzaine de fois sur Harlan.Le ton était un peu plus « balai dans le cul », mais le contenu était similaire.Une vraie connerie.J’ai signé sans réfléchir.— Bien, dit Sullivan.Vous avez de la chance, Kovacs.Ne gâchez pas cette occasion.Ils n’en ont jamais marre de dire la même chose ?J’ai replié mes papiers sans broncher et je les ai empochés avec la lettre.J’allais partir quand la doctoresse s’est levée et m’a tendu une minuscule carte blanche.— Monsieur Kovacs… (Je me suis arrêté.) Il ne devrait pas y avoir de problèmes d’ajustement.Ce corps est sain et vous êtes un habitué.En cas de souci majeur, appelez ce numéro.J’ai tendu le bras et soulevé le petit rectangle avec une précision mécanique que je n’avais pas remarquée auparavant.Le neurachem se mettait en branle.Ma main a rangé la carte avec le reste et je suis parti, traversant la réception et poussant la porte sans un mot.Ce n’était guère poli, mais personne dans le bâtiment n’avait encore mérité ma gratitude.« Vous avez de la chance, Kovacs.» Ben voyons.À cent quatre-vingts années-lumière de chez moi, portant le corps d’un autre homme durant six semaines de location.Transféré ici pour effectuer un travail que la police ne voulait pas toucher, même avec une matraque électrique.Si je rate, je retourne au placard.J’avais tant de chance que j’ai failli me mettre à chanter en poussant la porte.CHAPITRE 2Le hall était gigantesque et tout sauf désert.L’endroit avait une vague ressemblance avec la gare de Millsport, chez moi.Sous un toit incliné composé de longs panneaux transparents, le sol en pavés de verre brillait comme de l’ambre au soleil de l’après-midi [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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