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.Elle regarde un moment dans le vide, fixe le sol, puis elle se tourne vers moi.) Vous avez des enfants ? »Alyce souffle bruyamment.« Non, je n’en ai pas », dis-je.Elle cligne des yeux comme si je venais de frapper des mains sous son nez.« Ah, bon ? Excusez-moi », répond-elle.Ed pose la main sur son bras.« Le service médico-légal va tout examiner, madame.Ils feront tout ce qui est en leur pouvoir.Je peux vous l’assurer personnellement.»Sa voix oscille entre la gentillesse et l’exaspération.Mrs.Cogan se penche plus près de moi, si près maintenant que je sens son agitation me gagner comme une sorte d’électricité statique.Je recule d’un pas, le regard dans le vague.Derrière elle, la neige forme un écran blanc sur les grandes vitres de l’entrée.« Vous le savez et je le sais, affirme-t-elle, puis elle répète : vous le savez et je le sais.(Et c’est vrai qu’elle fait un peu penser à une folle.Sa main chasse une poussière imaginaire sur la manche de son manteau d’un geste légèrement compulsif et je remarque pour la première fois que c’est un beau vêtement, coûteux, probablement du cachemire, avec un vaste col enveloppant.) Ça n’intéresse pas le comté, ça n’intéresse même pas la police.Je ne suis rien à leurs yeux.Je suis une mère hystérique… ce qui est pire que rien, non ? Non ? (Elle se tourne vers Ed et Alyce, qui restent figés.Elle fait demi-tour vers moi, et sa voix grimpe d’une octave.) Clay, mon mari, est ingénieur civil… Il connaît tout le monde dans l’administration municipale.Il connaît Rob Cummings… ils jouent au golf ensemble au Country Club d’Onondaga.Après notre… notre malheur, nous avons d’abord cru que la police allait faire quelque chose.Quand il ne s’est rien produit, Clay a commencé à se renseigner.Chaque soir, il rentrait à la maison avec ce nom : Lena Dawson, Lena Dawson.Elle est censée avoir ce… quelque chose en plus… surtout dans les affaires d’enfants… elle peut voir au-delà des preuves.C’est exactement ce qu’il a entendu dire.(Elle me fixe, son visage toujours auréolé de cette lumière intense.) La psychologue dit que cela peut arriver parfois… un bébé peut mourir… comme ça, sans raison ! Mais ce n’est pas toujours le cas, n’est-ce pas ? Matthew avait 6 mois, il était en excellente santé, un beau bébé… magnifique.Et maintenant il n’est plus là et la personne qui l’a tué est toujours en vie… (Elle fait un geste en direction de la porte.) Elle se promène dehors, quelque part par là ! Vous comprenez ce que je ressens ? Sachant cela ? »Elle m’attrape les mains.Elle les presse, me broie les phalanges et je me retiens de pousser un cri.Son visage, trop proche de moi, n’est plus qu’une masse blanche.Ed la repousse et lui prend les deux bras.« Ça suffit maintenant ! » Il commence à l’entraîner de force vers la porte, mais elle le surprend en poussant un cri aigu et en battant des bras, ce qui lui fait lâcher prise.Elle revient en chancelant vers moi, saisit mes poignets.Je suis trop interloquée pour broncher, mais l’adrénaline gagne mes muscles et mes poumons.Je regarde ses pupilles se contracter, puis Alyce se positionne entre nous et se met à crier, elle aussi : « Lâchez-la, vous lui faites mal ! »Erin gémit et s’affaisse, toujours accrochée à moi, sa grosse alliance s’enfonce dans mes articulations.Je suffoque, je manque d’air, j’essaie de m’arracher à sa poigne.« Ça suffit, ça suffit ! » braille Alyce.Mrs.Cogan me lâche.Elle a la tête penchée, les mains ouvertes.Elle répète : « Excusez-moi… je m’excuse, je m’excuse.» Quelqu’un franchit la porte d’entrée, s’arrête, et j’espère instinctivement que c’est Charlie qui vient à ma rescousse.Mais non, c’est Keller Duseky, un inspecteur de la brigade criminelle qui travaille dans le bureau voisin.Son regard fait le tour de la scène.« Tout va bien ici ? » Ed répond.« Ça va, Kell, j’ai la situation en main.» Je confirme d’un signe de tête à Keller.Erin continue de balbutier : « Je m’excuse, je m’excuse.» Elle paraît s’affaiblir de minute en minute, et ne semble plus maîtriser les mots qui sortent de sa bouche.Elle tord le solitaire autour de son doigt.Tout ce que je veux, c’est qu’elle cesse de répéter : Je m’excuse.Pour arrêter la voix qui psalmodie, je lance faiblement : « Je vous en prie, je ne sais pas… je ne vois vraiment pas ce que…»Mrs.Cogan émet un sanglot, un son âpre, et ma gorge se serre.Son chagrin fait écho en moi, et je suis envahie par une tristesse secrète et analogue.« Vraiment, c’est juste que…» Je m’interromps, je ne peux pas la renvoyer.Elle me regarde fixement ; elle a de tels cernes qu’on croirait qu’elle a reçu des coups.« Je ne le verrai jamais grandir, gémit-elle d’une voix terrible, blanche.Je ne fêterai jamais son anniversaire, je ne lui couperai jamais les cheveux, je ne rencontrerai jamais sa petite amie.»Tandis qu’elle parle, sa voix commence à résonner en moi.Elle prend la forme d’un vieux souvenir… comme si c’était quelqu’un que j’avais connu il y a très longtemps, et pour moi, cette sensation, rare, est aussi perturbante que de se réveiller en voyant un fantôme.Je parviens à articuler : « Bon sang, laissez-moi y réfléchir.» Ma voix tremble.Je m’appelle Lena.Je travaille au laboratoire parce qu’on y offrait une formation avec le job.C’est ce que disait l’annonce du Herald Journal pour un(e) technicien(ne) de scène de crime catégorie I : un cours par correspondance pendant un an assuré par l’école de classification décadactylaire du FBI, deux ans de premier cycle universitaire à temps partiel, plus un stage en entreprise à faire du classement et préparer le café.Je travaille dans le service médico-légal du centre Wardell, un cube futuriste construit en 1989, l’année précédant ma candidature pour le poste.Il abrite le laboratoire de toxicologie du ministère de la Santé, le bureau du médecin légiste, la banque du don de tissus humains de la Croix-Rouge ainsi que les laboratoires municipaux de la police scientifique.Avec les flics pour voisins.Le carrelage sur le sol du laboratoire est d’un bleu étincelant qui ressemble à de l’eau quand la lumière tombe sous un certain angle ; les cloisons vitrées sont teintées d’un bleu-vert pâle.Bien sûr, après l’épisode avec Erin Cogan, nous sommes toutes trop ébranlées pour nous remettre au travail.Je suis en état de choc, comme si je venais d’avoir un accident.Le silence solennel qui suit une catastrophe règne dans la salle… tout le monde est paralysé derrière son bureau.J’essaie de reprendre la recherche des correspondances pour le jeu d’empreintes sur lequel je travaillais hier, mais rien ne réussit à capter mon attention.Pendant un moment, je rêvasse, tournée vers la fenêtre, distraite par la façon dont les rayons du soleil à travers la baie vitrée semblent se désagréger en une multitude d’insectes ailés et de lézards avant de redevenir verre et lumière.J’ouvre un autre dossier, essaie de me forcer à lire des rapports de police, mais je finis par renoncer.Je m’avance jusqu’au grand classeur tout au fond de la pièce – Affaires avec implication de mineurs, 2002 – et sors le dossier Cogan, un dossier compliqué.Il y a deux autres chemises, rangées récemment dans le même tiroir, auxquelles je jette un œil hésitant.Je referme le meuble.Deux autres décès, des victimes du même âge, durant la même période et dans la même zone géographique
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