[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.Ernst Kessler se flattait de posséder la vue la plus perçante de tout l’équipage.Enfant, il disséquait les animaux morts qu’il trouvait autour de la ferme familiale pour comprendre leur anatomie, et comparait ses observations avec les livres dont il disposait.Il savait que sa vision précise et ses mains sûres feraient de lui un très bon médecin, mais après tout, ses sens aiguisés le rendaient tout aussi apte à repérer l’ennemi.Sa position à l’arrière aurait dû lui dénier ce privilège, mais ce fut pourtant lui qui le vit le premier.Au moment où le Kondor virait sur l’aile, un éclat inhabituel attira son attention, loin des reflets de la lune.— Capitaine ! cria-t-il dans l’interphone.A trois cents sur tribord !— Qu’est-ce que vous avez vu ?L’excitation primitive de la chasse transparaissait déjà dans la voix de Lichtermann.— Je n’en suis pas sûr, capitaine, on aurait dit une sorte de lueur.Lichtermann et Ebelhardt plissèrent les yeux pour distinguer quelque chose dans la direction indiquée par le jeune Kessler, sans succès.— Vous en êtes certain ? demanda le pilote.— Oui, capitaine, répondit Kessler, s’efforçant de prendre un ton assuré.Lorsque nous avons viré, l’angle de vision a changé, et je suis sûr d’avoir vu quelque chose.— Le convoi ? demanda Ebelhardt d’un ton brusque.— Je ne sais pas, dut admettre Kessler.— Josef, monte la radio, ordonna Lichtermann, rappelant ainsi au mitrailleur avant son rôle subalterne.Le pilote augmenta la puissance des moteurs radiaux BMW et fit à nouveau virer l’appareil.Le vrombissement s’accentua et les hélices fendirent l’air de plus belle.Ebelhardt, une paire de jumelles vissée sur les yeux, scrutait la mer obscure.A presque quatre cents kilomètres à l’heure, le patrouilleur pouvait repérer le convoi à n’importe quel moment, mais les secondes passèrent, puis une minute s’écoula et Ebelhardt finit par baisser ses jumelles.— C’était sans doute une vague, commenta-t-il sans actionner l’interphone, de telle sorte que seul Lichtermann l’entendit.— Vérifions quand même, répliqua Lichtermann.La nuit, Kessler y voit aussi clair qu’un foutu chat.Les Alliés avaient fait un travail remarquable en recouvrant leurs cargos et leurs tankers de camouflages qui les empêchaient d’être repérés depuis la surface, mais la nuit, rien ne pouvait masquer le passage d’un convoi, car le sillage des navires formait un panache blanc sur les eaux sombres.— Que le diable m’emporte, articula silencieusement Ebelhardt en montrant un point sur la mer à travers la verrière.Au début, ils ne virent qu’une large tache grise sur l’eau sombre, mais au fur et à mesure que l’appareil approchait, le gris s’éclaircit et laissa apparaître des dizaines de lignes blanches parallèles, aussi nettes que des marques de craie sur un tableau noir.C’étaient les sillages d’une armada de navires qui faisaient route vers l’est, aussi vite qu’ils le pouvaient.De l’altitude où se trouvait le Kondor, les bâtiments paraissaient aussi lourds et lents qu’un troupeau d’éléphants.L’appareil s’approcha encore jusqu’à ce que l’éclat de la lune permette à l’équipage de distinguer les cargos et les tankers, plus lents, et les fins sillages des contre-torpilleurs disposés comme des sentinelles de chaque côté du convoi.Sous le regard des hommes du Kondor, l’un des contre-torpilleurs remontait la file de navires sur tribord, crachant des panaches de fumée par ses deux cheminées.Lorsqu’il aurait atteint la tête du groupe, il ralentirait pour laisser passer les cargos et les tankers ; c’est ce que les Alliés appelaient la tactique de la « course à l’indienne ».Une fois revenu en queue du long cortège, le contre-torpilleur accélérerait à nouveau, et le processus se répéterait à l’infini.Cette tactique permettait de limiter le nombre de navires de combat chargés de protéger les convois.— Ils doivent être au moins deux cents, estima Ebelhardt.— Assez pour que les Rouges aient de quoi se battre pendant encore des mois, approuva le pilote.Josef, la radio, ça donne quoi ?— Je n’ai que des parasites.Le problème des parasites était fréquent, aussi loin au nord du cercle Arctique.Des particules chargées d’électricité, entrées en contact avec les champs magnétiques terrestres, retombaient au sol vers les pôles et semaient la pagaille dans les tubes à vide des radios.— Nous allons marquer notre position, décida Lichtermann, et nous transmettrons notre rapport par radio dès que nous approcherons de la base.Bravo, Ernst ! Sans vous, nous serions rentrés bredouilles.— Merci, monsieur, répondit Ernst d’une voix où perçait un sentiment de fierté [ Pobierz całość w formacie PDF ]

© 2009 Każdy czyn dokonany w gniewie jest skazany na klęskę - Ceske - Sjezdovky .cz. Design downloaded from free website templates