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.Le mien est d’une simplicité désarmante.Je positionne des bougies parfumées à la vanille tout autour de la pièce avant d’éteindre toutes les lumières.Puis je me tiens au-dessus du corps possédé par le démon, les mains placées à environ quinze centimètres de lui, et je me contente de fermer les yeux.En général, je glisse déjà dans la transe dès ma première profonde inspiration.Ce jour-là, j’avais plus de mal.Jenkins tripotait son badge et le bruit produit, bien que léger, était agaçant.Je percevais également les reniflements persistants de Mme Walker.J’imaginai la table glisser dans le four avec la petite Lisa Walker.J’imaginai entendre ses cris.Je pris une nouvelle profonde inspiration parfumée à la vanille et me rappelai qu’en ce siècle de lumières elle serait anesthésiée avant d’être expédiée dans le four : il n’y aurait pas de cris.Mais l’image n’en était pas plus supportable pour autant.Je n’avais jamais ressenti une telle pression.Une sensation proche de la panique bouillonnait en moi.Puis Lisa Walker parla.— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-elle d’une voix tremblante de petite fille.Maman ?Cela fît voler en éclat mon peu de concentration, et j’ouvris les paupières d’un coup.Je rencontrai le regard de deux yeux bleuets cernés de rouge.Une innocence totale.Mais ses mots et sa voix étaient si pathétiques, si manipulateurs qu’ils me firent hésiter.Je regardai donc de plus près : quelque chose s’agitait derrière ces yeux.Quelque chose qui n’était pas si innocent.Alors je sus qu’ils avaient raison, que cette petite fille était possédée par un démon.Un démon qui n’avait aucun scrupule à utiliser le corps d’une enfant comme un gobelet jetable.Quand il trouverait un hôte plus approprié, il se glisserait hors de son corps, sans se soucier de la laisser morte ou avec le cerveau endommagé.J’adressai un méchant sourire au démon.— Erreur fatale, chuchotai-je en espérant que les parents n’aient pas entendu.Tu aurais dû te taire.Le sourire en arc de Cupidon s’élargit.Je fermai les yeux et fus aussitôt prise par la transe nourrie par ma colère.Au loin, je perçus la voix de la petite fille qui produisait des bruits pathétiques, me suppliant, suppliant sa mère, mais j’étais trop loin pour distinguer ses paroles.Dans ma transe, je vois avec mes yeux détachés du monde.Tout paraît différent.Plus simple.Je ne vois pas des choses.Tout ce que je vois, ce sont les êtres vivants que je ne perçois qu’en taches de couleurs primaires.Les gens apparaissent en bleu avec ces yeux-là.Jenkins était d’un bleu foncé solide, comme une personne au repos.S’il éprouvait une quelconque émotion forte concernant cette procédure, j’étais incapable de le sentir.Les parents, quant à eux, étaient un véritable fouillis.Leur aura bouillonnait de toutes les nuances de bleu imaginables.Mais, sur la table, sous mes mains, l’aura brillait d’un rouge sang.Une aura de démon, qui écrasait toute trace d’un bleu humain.L’aura se tortilla et je compris que le corps luttait contre les liens.Le démon, sentant sa destruction proche, faisait un ultime effort pour s’échapper.J’espérais qu’ils n’avaient pas lésiné quand ils avaient entravé l’enfant.La force surnaturelle de certains démons suffit à plier l’acier, même une personne inexpérimentée est censée le savoir.Le bruit particulier du métal qui gémit me parvint.Un frisson d’angoisse parcourut mon dos.Ce démon était fort.Et désespéré.Derrière moi, il y eut un cri.La teinte jaune de la peur se mélangea au bleu des auras, rendant les humains presque verts.Tout comme chaque exorciste pratique un rituel personnel pour se mettre en transe, chacun de nous possède une image mentale qu’il utilise comme une métaphore pour expulser le démon.La mienne, c’est le vent.J’imaginai une bourrasque de la force d’un ouragan frappant l’aura rouge.Si j’avais eu affaire au démon moyen ordinaire, ce coup unique aurait suffi.Mais ce salopard était fort.L’aura ne broncha pas et l’écho d’un rire éclata dans mes oreilles.Les humains poussèrent de nouveaux cris de détresse et le métal gémit encore une fois pendant que le démon luttait.Mon cœur battait dans ma gorge.La peur balaya presque ma concentration.Aucun des trois démons que j’avais échoué à exorciser n’avait été sur le point de s’échapper, bien heureusement.J’étais peut-être le fléau des démons, mais je ne tenais absolument pas à me retrouver coincée dans une pièce avec l’un d’entre eux en colère, en liberté et à la recherche d’un nouvel hôte.La peur qui irradiait de Jenkins et des Walker pilonnait ma concentration, plus encore que ma propre peur, parce qu’ils étaient trois à alimenter leurs paniques respectives.Je priai pour que Jenkins ne commette rien de stupide, comme ouvrir la porte pour échapper au danger.Pourtant, ce fut exactement ce qui se produisit.Ma concentration se brisa tout à fait et je sortis de la transe à temps pour voir Jenkins pousser les Walker par la porte ouverte avant de se précipiter à leur suite.Au moins, il eut le bon sens de refermer la porte derrière lui.Je n’avais aucune envie de voir ce qui arriverait si le démon était lâché dans les couloirs du centre de confinement où traînaient tous ces gardes armés sans expérience.Bien sûr, je n’avais aucune envie non plus de rester coincée seule avec un démon puissant et énervé.Je baissai les yeux sur la table et mon cœur tressauta.Des entraves d’acier vissées à la table maintenaient les jambes et les bras minces de Lisa tandis qu’une autre enserrait sa taille.La fillette avait tellement tiré dessus que la table s’était déformée, bien que, jusqu’à présent, elle ne soit pas parvenue à se libérer.Ses poignets et ses chevilles saignaient : le démon se fichait bien de ce qui pouvait advenir de ce pauvre petit corps.Il voulait juste en sortir.Les lèvres de Lisa étaient retroussées en un rictus forcené.Le métal se remit à gémir.Merde.Prenant une profonde et tremblante inspiration, je me forçai à fermer les yeux.Si je lui laissais assez de temps, cette chose réussirait à se libérer.Et moi, je deviendrais l’hôte non consentant d’un démon illégal.Pas de pression.La sueur ruisselait jusqu’au creux de mes reins.Je m’efforçai de me calmer.Ma vie en dépendait.Je glissai dans la transe plus facilement que je m’y étais attendue.Étonnant ce que le désespoir permet.Je frappai le démon d’une nouvelle explosion de vent.Il vacilla un moment avant de reprendre fermement sa place.Le métal ne grinçait plus, il criait.J’étais tellement tentée d’ouvrir les yeux pour voir de quelle manière la chose progressait que c’en était presque insupportable, mais je résistai
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