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.Ils descendaient la rue en sonnant aux portes.Je les ai reconnus tout de suite.Le crack.Quelle saloperie ! J’en vois tous les jours par ici, près du métro.Jenny Fowler qui vit au coin de la rue a ouvert sa porte une fois.Elle m’a dit que la fille planait comme un cerf-volant.Trente livres ! Ça, tu le tiens de ton père.Si tu me ressemblais un tant soit peu, tu ne tomberais jamais dans un truc aussi stupide.Qu’est-ce qu’il en dit, ton Michael ? »Plus facile en fin de compte d’autoriser Michael plutôt que de l’entendre prononcer exagérément Michel à la française, comme si elle avait un goût douteux dans la bouche.« Il dit que je suis bête.— Bah, c’est le moins qu’on puisse dire.C’est pas aux gens comme lui qu’on la fait.»Ils sont tous nigérians, tous – même s’ils sont français, ou algériens, ils sont nigérians ; pour Pauline l’Afrique tout entière se résume au Nigeria, et les Nigérians sont rusés, puisqu’ils possèdent aujourd’hui à Kilburn ce qui appartenait autrefois aux Irlandais, et que cinq des infirmières de son équipe sont nigérianes tandis qu’avant elles étaient irlandaises – ou du moins Pauline a décrété qu’elles étaient nigérianes, et elles sont parfaitement fiables tant qu’on les a à l’œil à chaque instant.Leah presse vigoureusement l’ongle de son pouce sur son alliance.« Il veut aller là-bas.— Et pourquoi pas ? Tu t’es fait rouler dans ta propre maison par une manouche, non ? »Elle mettait tout à sa sauce.« Non.C’était une fille d’Asie du Sud.— D’Inde, tu veux dire.— Quelque part par là.Seconde génération.Anglaise, à l’entendre.— Je vois.— Elle était dans mon lycée ! Et elle est venue pleurer à ma porte ! »Nouvelle immuable nuée.« Des fois je me dis que c’est parce que tu n’as pas eu de frères et sœurs.Si on avait eu d’autres enfants, tu aurais pu te faire une vraie idée des gens.»Peu importe ce que Leah raconte, Pauline revient toujours sur ce point.Elle reprend toute l’histoire depuis le début : de Dublin à Kilburn, elle était l’une des seules huguenotes à avoir fait le voyage, quand presque tout le monde à l’époque était de l’autre bord.Destinée à porter la blouse blanche, comme les autres filles.Elle flirtait avec les frères O’Rourke – les maçons –, mais elle espérait mieux : rousse, gracieuse comme elle l’était, et déjà sage-femme.Elle a attendu, trop longtemps.Et fini par faire son nid au crépuscule avec un veuf tranquille, un Anglais qui ne buvait pas.Les O’Rourke, eux, ont fait fortune finalement dans les matériaux de construction, au point de posséder la moitié de Kilburn High Road.Pour ça, elle aurait bien accepté d’avoir un mari qui picolait un peu.Dieu merci, elle avait repris ses études (radiologie).Sinon, que serait-elle devenue ? Cette histoire, qu’elle racontait naguère de temps à autre, s’impose désormais dans chaque coup de téléphone, y compris celui-ci, qui n’a absolument rien à voir avec Pauline.Le temps se resserre pour la mère, elle n’a plus qu’un petit bout de chemin à faire.Elle veut réduire le passé en une chose suffisamment petite pour pouvoir l’emporter avec elle.C’est à sa fille de l’écouter.Ce qu’elle fait très mal.« On était trop vieux ? Tu te sentais seule ?— Maman, s’il te plaît.— Tout ce que je veux dire, c’est que tu aurais pu avoir plus d’outils pour mieux comprendre la nature humaine.Et d’ailleurs, des nouvelles ? À ce sujet ?— Quel sujet ?— Tu vas me faire grand-mère ? Oublie pas l’horloge biologique.— Elle tourne toujours.— Bon.T’en fais pas pour ça, ma chérie.Ça viendra quand ça viendra.Michael est là ? Je peux lui parler ? »Entre Pauline et Michel méfiance et incompréhension règnent, sauf dans des situations bénies comme celle-ci, rares auparavant, mais à présent plus fréquentes, où Leah s’est montrée stupide, poussant des ennemis-nés à faire alliance.Pauline déchaînée, rouge et grossière
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