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.Mais tout le monde tombait d’accord sur un point.Si vous subissiez une attaque de spectre, vous appeliez les Marcheurs du Lac.Et pas question de les escroquer de leur paie une fois la menace disparue.Faon n’était pas vraiment sûre de croire aux spectres.Malgré toutes ces histoires à dormir debout, elle n’en avait jamais vu, non, et ne connaissait personne qui en avait rencontré.Pour elle, ce n’étaient que des histoires de fantômes, inventées pour amuser les auditeurs avisés et effrayer les plus crédules.Elle s’était suffisamment fait avoir par ses grands frères moqueurs pour ne pas tomber une fois de plus dans le panneau.Elle se figea lorsqu’elle se rendit compte que l’un des patrouilleurs se dirigeait vers son arbre.Il semblait différent des autres, et il lui fallut un moment pour voir que ses cheveux sombres n’étaient pas longs et soigneusement tressés, mais courts et en bataille.Il était extrêmement grand et très mince.Il bâilla et s’étira, et quelque chose scintilla sur sa main gauche.D’abord, Faon pensa que c’était un couteau, puis elle s’aperçut en frissonnant que l’homme n’avait pas de main gauche.Le reflet provenait d une sorte de crochet ou de pince, mais elle ne put pas voir comment l’appareil était accroché à son poignet sous ses longues manches.A son grand désarroi, il s’avança dans l’ombre directement sous elle, ploya son long corps, s’appuya confortablement contre le tronc et ferma les yeux.Elle sursauta et faillit tomber de l’arbre lorsque la fermière se décida finalement à sonner la cloche.Deux coups sonores puis un troisième, et ainsi de suite : un signal, sans aucun doute, ou un appel, mais pas une alerte, car pendant tout ce temps, elle parlait avec animation à la femme de la patrouille.Après les avoir tous observés quelques instants, Faon distingua trois ou quatre femmes dans le groupe.Certains s’agitaient autour du puits, remontant le seau pour en verser le contenu dans l’abreuvoir en bois en face du banc, et d’autres faisaient boire leurs chevaux.Un garçon apparut en bondissant de derrière les dépendances et la femme l’envoya dans la grange avec plusieurs patrouilleurs.Deux des plus jeunes femmes suivirent la fermière dans la maison d’où elles ressortirent avec des paquets emballés dans du tissu – encore de la bonne nourriture de la ferme, de toute évidence.Les autres sortirent de la grange en traînant de grands sacs de ce qui devait être du grain pour les chevaux, supposa Faon.Ils se retrouvèrent tous autour du puits, où une conversation brève et vigoureuse s’ensuivit entre la fermière et la patrouilleuse aux cheveux gris.Elle se termina par le compte des sacs et des paquets qui furent échangés contre des pièces et de petits objets provenant des sacoches des cavaliers – que Faon ne réussit pas à distinguer –, ce qui sembla tous les satisfaire.La troupe se sépara en petits groupes qui partirent se mettre à l’ombre et partager la nourriture.La chef de la patrouille se dirigea vers l’arbre de Faon et s’assit en tailleur à côté de l’homme.— Tu as eu une bonne idée, Dag.Un grognement.Faon n’aurait pas pu dire s’il avait ouvert les yeux.Dans son champ de vision obstrué par les feuilles, il y avait deux ovales, l’un lisse et gris, l’autre ébouriffé et noir.Et plusieurs jambes étendues se terminant par des bottes.— Alors, que t’a donc appris ta vieille amie ? demanda l’homme.(Sa voix basse semblait fatiguée, à moins qu’elle fût naturellement rauque.) Il y a vraiment un être malfaisant ou pas ?— Seulement des rumeurs de bandits, pour l’instant, mais de nombreuses disparitions autour de Forgeverre.On n’a pas retrouvé de corps.— Hmm.— Tiens, mange.Elle lui tendit quelque chose, sans doute du jambon dans du pain à en juger par l’arôme appétissant qui s’éleva jusqu’à Faon.La femme baissa la voix.— Tu sens quelque chose ?— Tu as plus d’InnéSens que moi, marmonna-t-il la bouche pleine.Si tu ne sens rien, ce n’est pas moi qui vais y parvenir.— L’expérience, Dag.Je n’ai connu que neuf mises à mort, pas plus.Tu en as détruit combien ? Quinze ? Vingt ?— Plus, mais les autres étaient des petits.Des coups de chance.— De la chance, ha ! Les petits comptent autant que les autres.Ils seraient devenus grands l’année suivante.(Elle prit une bouchée de nourriture, mastiqua et poussa un soupir.) Les enfants sont excités.— J’ai remarqué.Ils vont devenir incontrôlables s’ils continuent de s’énerver.Un grognement, probablement d’approbation.La voix rauque se fit plus urgente :— Si nous trouvons le repaire de l’être malfaisant, laisse les plus jeunes à l’arrière.— Non
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