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.Des téléviseurs à écrans plats occupaient tout l’espace de l’entrée.En quelques coups de pied ils roulèrent jusqu’aux comestibles et saisirent tout ce qu’ils pouvaient de biscuits secs et de barres chocolatées, avant d’investir le rayon des boîtes de conserve et de remplir leurs sacs à dos et les sacoches de Plume.— Il faut être plus méthodique, tempéra Ambre, n’emportons pas n’importe quoi.Uniquement des produits non périmés et simples à cuisiner.— Doug m’a appris que les conserves se gardaient éternellement, contra Tobias.— Ça m’étonnerait.De toute façon nous n’avons pas le choix, prends tout ce qui est petits pois, flageolets, et laisse les cœurs de palmier en bocaux, ils ont une sale couleur.Il nous faut aussi dévaliser l’étagère des nouilles chinoises, c’est léger et simple à préparer.— Je ne sais pas vous, mais moi je n’en peux plus de voir toute cette bouffe ! fit savoir Matt.Tobias, tu veux bien sortir ton réchaud à gaz ?Ils s’installèrent au milieu de la grande surface et firent chauffer deux boîtes de haricots blancs à la sauce tomate qu’ils engloutirent avec des morceaux de biscottes.Une fois repus, ils se vautrèrent sur leur manteau, entre les emballages de gâteaux et les canettes de soda vides.Plume, à peine débarrassée de ses sacoches, avait disparu, peut-être, songea Matt, pour aller se chasser un petit gibier.Ils bavardèrent et se reposèrent pendant plus d’une heure avant de reprendre la collecte d’aliments.Matt trouva des bâtons lumineux semblables à ceux qu’ils avaient depuis New York et il en craqua un.La réaction chimique produisit une lumière jaune assez forte pour leur permettre de se repérer.Ambre en fit autant et chacun put déambuler au gré de ses envies parmi les étals.Matt parcourait les rayons de DVD, puis de jeux vidéo, éprouvant une nostalgie poignante face à tous ces souvenirs d’une vie qui semblait lointaine.Dire qu’à l’époque je trouvais la vie pleine d’incertitudes !Il parvint face à des rangées de livres et s’arrêta devant le rayon « Science-fiction ».La lumière jaunâtre atténuait les contrastes des couvertures, les rendant effrayantes.Il envisagea un instant d’en choisir un, pour s’évader de temps en temps lors de leurs bivouacs, mais se ravisa.Il n’éprouvait plus la même fascination pour ces récits.L’aventure il la vivait tous les jours, et à bien y réfléchir, ça n’avait rien de palpitant.Matt avait accroché le tube lumineux autour de son cou, avec un bout de ficelle ; il attrapa une bande dessinée Comics et la tint devant lui pour éclairer les pages qu’il feuilletait.Une main surgit brusquement par-dessus son épaule pour attraper son éclairage et Matt sursauta.Les cheveux d’Ambre lui caressèrent les joues et il se calma aussitôt, sans que son cœur cesse pour autant de battre la chamade.Que faisait-elle dans son dos ? Allait-elle l’embrasser ?Soudain Matt se demanda comment il devait réagir.Souhaitait-il qu’elle l’embrasse ? Il la trouvait douce, jolie et très fortiche, mais avait-il vraiment…Elle l’attira en arrière et le força à s’accroupir.— Qu’est-ce qui te prend ? s’inquiéta-t-il en pivotant.Elle lui posa la main sur la bouche pour le faire taire tout en tirant un coup sec sur la ficelle et fit disparaître le tube dans la poche de son pantalon en Nylon.Une toute petite lueur traversait les fibres, juste assez pour que Matt distingue l’expression apeurée de son visage.Ambre le libéra de son étreinte.— Quelque chose est entré dans le supermarché, chuchota-t-elle le plus bas possible.— Quoi donc ?— Je l’ignore, mais c’est gros et ça flaire notre piste.Sur quoi elle lui prit le menton et le guida vers l’entrée de l’espace culturel.Dans l’obscurité, Matt ne voyait presque rien.Un halo spectral descendait des grandes lucarnes du plafond.Il distingua néanmoins une forme à moins de dix mètres : énorme, se déplaçant lentement, et ce qui devait être une tête, penchée sur le sol – elle reniflait bruyamment.Une substance se répandait en même temps… Une importante quantité de bave !Ce n’était pas Plume, la créature était bien plus grosse.Haute comme un cheval.Et malgré sa corpulence impressionnante, elle se mouvait sans un bruit.— Elle ne t’a pas vue ? murmura Matt.— Non, mais je n’ai pas trouvé Tobias.Si elle lui tombe dessus avant nous, j’ai peur de ce qui pourrait suivre.— Viens.Il la prit par la main et l’entraîna vers l’extrémité de l’allée.Matt était aussi mal à l’aise qu’en colère contre lui-même pour avoir laissé son épée avec leur matériel, autour du réchaud à gaz.Ils n’avaient aucune arme.Ils suivirent la créature par une allée parallèle, séparés d’elle par des linéaires.Ils l’observèrent qui pressait le pas jusqu’à leurs affaires qu’elle renifla longuement.Puis une lueur argentée apparut.— Tobias…, lâcha Matt entre ses dents.Il remonta vers les bouteilles d’eau de source et de soda pour se rapprocher du monstre.À genoux, il se pencha pour distinguer son ami.Tobias avançait lentement en poussant un caddie dont dépassait un télescope.Il tenait son champignon d’une main et lisait attentivement une notice.Il allait droit sur la créature sans même y prêter attention tandis qu’elle le fixait avec avidité.La lumière l’éclairait de plus en plus.Elle n’avait plus aucun poil, sa peau laiteuse la faisait ressembler à un grizzli albinos, plus d’oreilles non plus, rien que des trous noirs.Ses babines se retroussaient sur une gueule hérissée de crocs pleins de bave, et ses pattes se terminaient par d’impressionnantes griffes jaunes.— Il faut agir tout de suite ou bien Tobias est mort, lança Ambre.— Je ne peux pas atteindre mon épée, elle est sous ce… ce machin ! Est-ce que tu peux la faire venir jusqu’ici ?— Je vais essayer.— Il va falloir être rapide.Dès que l’arme bougera, l’ours, ou quoi que ce soit, va le sentir.Matt savait qu’il n’aurait pas deux occasions de porter ses coups.Si la créature répliquait, il serait taillé en pièces instantanément.Il fallait viser.Et frapper fort.Son cœur s’emballait.Il avait le souffle court alors qu’il n’avait pas encore porté le moindre assaut.Ambre était concentrée.Soudain l’épée se déplaça, d’abord de quelques centimètres, puis d’un mètre.Elle glissait sur le sol.— Elle est trop lourde, gémit Ambre en grimaçant.L’ours perçut le mouvement entre ses pattes et sauta de côté tout en scrutant l’objet.Puis ses pupilles rouges se levèrent sur l’obscurité qui l’entourait.Elles se posèrent sur Ambre et enfin sur Matt.Un grondement guttural fit trembler l’air.Matt en eut la chair de poule.Il lui semblait que l’ours riait.Un rire cruel.3.La Féroce TeamLes pattes s’agitèrent, les muscles roulaient sous la peau blanche, il allait bondir.On est foutus ! hurla Matt dans sa tête.Il sonda la pénombre à la recherche d’une arme improvisée.Rien.Tobias s’était arrêté, médusé par l’apparition monstrueuse.Puis un cri de guerre retentit.Suivi par des dizaines de hurlements rageurs.Plusieurs sifflements fendirent l’allée principale et des traits noirs se plantèrent dans le flanc de l’ours albinos qui rugit, révélant deux rangées de dents successives dans sa gueule béante, à l’instar d’un requin blanc.Il oublia aussitôt Ambre et Matt pour s’élancer vers les cris.Son pas lourd se mit à faire vaciller les étagères, son beuglement résonna dans tout le centre commercial.Matt vit une flamme rouge surgir et une torche fumigène traversa l’air pour échouer entre les pattes du monstre.— LA TÊTE ! s’écria quelqu’un
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