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.« Bon… Bon…», bégayai-je en reculant.L’apparition sourit faiblement quand, dans ma confusion, je trébuchai sur le banc de nage.« Bonjour ! », répondit-elle dans un murmure.Son sourire s’évanouit.Ses paupières, bordées de longs cils noirs, retombèrent lourdement.« J’espère que vous vous sentez mieux », finis-je par articuler.« En fait », dit-elle après un moment, « cela fait quelque temps que j’avais repris connaissance, mais je n’osais pas ouvrir les yeux.J’étais persuadée d’être morte et ne voulais pas regarder, de crainte de n’être entourée que de ténèbres.J’ai tellement peur de la mort ! Racontez moi ce qui s’est passé après le naufrage du navire.Je me souviens des événements qui l’ont précédé, mais… Oh, comme je voudrais tout oublier ! ».Sa voix se brisa dans un sanglot.« Les monstres ! », cria-tulle après un silence.« Et dire que j’ai failli épouser l’un d’eux, un lieutenant de la marine allemande.»Elle continua.« J’ai eu l’impression de glisser, glisser, glisser vers le fond… A n’en plus finir… Je n’ai vraiment pris conscience du danger que lorsqu’une force extraordinaire m’a fait remonter vers la surface.Il me semblait que mes poumons allaient éclater.C’est alors que j’ai dû perdre connaissance, car je ne me souviens plus de rien, jusqu’au moment où j’ai rouvert les yeux et entendu un torrent d’injures envers l’Allemagne et les Allemands.Je vous en prie, dites-moi ce qui s’est passé après ».Je lui racontai donc, de mon mieux, tout ce dont j’avais été témoin - le bombardement des canots de sauvetage par le sous-marin, et le reste.Elle trouvait inimaginable que nous ayons pu échapper à ce carnage d’une manière si providentielle.J’aurais voulu lui parler encore.Mais le courage me manqua.Prince s’était approché et avait blotti sa tête contre elle.Elle caressa son vilain petit museau, et se pencha pour poser sa joue contre le front de l’animal.J’ai toujours éprouvé une grande admiration pour mon chien, mais jamais auparavant n’avais-je autant souhaité être à sa place… Quelle aurait été sa réaction ? En fait, seul prince semblait être dans son élément.Je présume que l’embarras que me cause une présence féminine se voit compensé par le caractère avenant de mon chien.Ce vieux brigand se contentait de fermer les yeux et d’afficher un de ces airs de Sainte Nitouche comme vous n’en avez jamais vus.Non seulement il acceptait les caresses, mais il faisait tout pour en avoir davantage.J’en étais vert de jalousie.« Vous semblez aimer les chiens », dis-je.« J’aime celui-ci », répondit-elle.J’ignore si sa réponse contenait quoi que ce soit de personnel, mais je le pris comme tel et m’en sentis tout ragaillardi.Dans cette étrange situation de solitude à deux, il était naturel de faire rapidement connaissance.Scrutant sans cesse l’horizon, guettant le moindre filet de fumée, indiquant la présence d’un éventuel navire, l’obscurité nous surprit.Le manteau obscur de la nuit nous enveloppa.Tout espoir d’être secourus disparut avec le soleil.Nous eûmes droit à un long et flamboyant crépuscule sur l’étendue déserte de la mer.Nous avions faim et soif, et l’angoisse nous étreignait.Nos vêtements trempés étaient lourds et froids, et je connaissais la gravité du danger de nous retrouver à la belle étoile par une nuit humide et glaciale, dépourvus de toute couverture et nourriture.De mes mains réunies en forme de coupe, j’étais parvenu à écoper l’eau que contenait la barque, allant jusqu’à me servir de mon mouchoir comme d’une éponge pour enlever les dernières traces d’eau.Je pus ainsi préparer un endroit relativement sec, où ma compagne d’infortune s’étendit.Couchée au fond du canot, elle était protégée du vent glacial de la nuit par les flancs de notre esquif.Quand elle fut installée, exténuée et faible, je la recouvris de mon manteau, afin de la préserver davantage du froid.Peine perdue ! En effet, occupé à détailler les courbes gracieuses de son jeune corps sous la pâle lueur du clair de lune, je la voyais grelotter…« Puis-je faire quelque chose ? », demandai-je.« Vous ne pouvez rester transie de la sorte toute la nuit.»Elle secoua lentement la tête avant de répondre : « Il faut se résigner à notre sort.»Prince s’installa à mes côtés sur le banc de nage.J’étais impuissant.Je ne pouvais que contempler cette jeune femme, sachant pertinemment qu’elle allait mourir avant que le jour ne se lève.Le choc et le séjour prolongé dans l’eau qu’elle avait subis auraient suffi à tuer n’importe quelle femme.Tandis que je la regardais, si frêle et délicate, je sentis une émotion nouvelle envahir ma poitrine.C’était un sentiment inconnu jusqu’alors mais qui, jamais plus, ne quitta mon cœur.Préserver l’étincelle de vie qui l’animait encore, l’empêcher de mourir, la réchauffer : j’en étais si obsédé que j’en oubliais que j’étais moi-même glacé jusqu’aux os.Lorsque Prince, changeant légèrement de position dans son sommeil, me fit à nouveau percevoir le souffle glacé de la nuit dont sa chaleur animale m’avait jusqu’alors préservé.Voilà ce qu’il fallait faire…Je m’agenouillais donc près d’elle lorsque j’eus une hésitation.Ne risquait-elle pas de se méprendre ?Pourtant, la voyant agitée de frissons, je compris qu’il fallait chasser toute timidité.Il fallait bannir toute fausse pudeur.Je m’allongeai à ses côtés.Je la pris dans mes bras.Et fortement enlacés, je la serrai contre mon corps.Elle se dégagea brusquement, poussa un petit cri de frayeur et tenta vainement de me repousser.« Pardonnez-moi, bredouillai-je, mais c’est la seule solution.Vous allez mourir de froid.Prince et moi sommes les seules sources de chaleur disponibles à bord de ce canot…»Je l’enlaçai de nouveau.J’ordonnai à Prince de se coucher à côté d’elle.La jeune femme n’eut aucune résistance.Elle émit cependant quelques petits sanglots et, enfouissant sa tête contre mon épaule, se mit à pleurer doucement avant de sombrer dans le sommeil.2.J’avais dû m’assoupir, vers les premières lueurs de l’aube, bien qu’en me réveillant, j’eus l’impression d’avoir dormi des jours entiers.J’ouvris les yeux.Il faisait grand jour.La jeune femme reposait à mes côtés, et sa respiration régulière m’ôta toute appréhension.Dieu soit loué ! Elle vivait ! Ses longs cheveux noirs me couvraient presque le visage : elle avait tourné la tête pendant la nuit.Et à mon réveil, son visage n’était qu’à quelques centimètres du mien.Nos lèvres se frôlaient.Tout compte fait, ce fut Prince qui interrompit son sommeil.Il s’étira, fit quelques pas.Puis vint se recoucher contre nous.La jeune femme me regarda tout d’abord avec surprise puis, se remémorant les aventures de la veille, elle me sourit quand je l’aidai à se lever.Elle me remercia en disant :« Vous avez été très gentil avec moi.»A dire vrai, j’avais encore plus besoin d’aide qu’elle, ma circulation sanguine paraissait bloquée sur le côté gauche.Ces paroles furent les seules qu’elle prononça, mais je compris qu’elle m’était très reconnaissante de mon attitude à son égard.Seule une certaine réserve lui interdisait de faire plus directement allusion à notre embarrassante situation.Peu après le lever du soleil, nous avons vu une colonne de fumée se diriger apparemment droit sur nous [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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