[ Pobierz całość w formacie PDF ]
.— Nous allons nous battre ! jeta Tancrède d’une voix qu’il ne reconnut pas.Et au moment où il prononçait ces mots, il savait qu’il disait vrai, qu’il allait affronter le géant des mers.Il s’étonna de ressentir tant d’exaltation et si peu de peur.Mais n’était-ce pas là ce qu’il était venu chercher ? Ce qu’il appelait depuis des années de tous ses vœux ? Des combats qui le révéleraient à lui-même.Qui feraient enfin de lui l’homme qu’il voulait être.Un bref instant, son regard croisa celui de son maître et il y sentit la même détermination.— Vous êtes complètement fou ! s’exclama le géographe en se tournant vers l’Oriental.Dites-lui, vous, messire de Tarse, dites-lui.— Cher Afflavius, l’interrompit Hugues, Tancrède et moi pensons la même chose.Mais pour l’instant, nous devons gagner du temps.Et sans attendre d’autres protestations, Hugues s’éloigna à la recherche du capitaine.Afflavius resta un moment l’air hébété, puis il s’adressa à Eleonor de Fierville :— Damoiselle ! Dites-leur, vous, qu’il faut se rendre.Ils vous écouteront ! Si vous saviez ce que ces pirates font aux femmes.À ces mots, le visage de la jeune femme changea d’expression et son regard, effrayé jusque-là, se durcit.Autant elle avait senti son estomac se nouer devant la vision terrible du navire de métal, autant l’idée de se rendre lui paraissait invraisemblable et honteuse.— Justement, maître Afflavius, j’ai entendu, moi aussi, les récits auxquels vous faites allusion.Vous oubliez que je suis fille de seigneur.Mieux vaut se battre que de mourir les chaînes aux pieds.Le géographe blêmit davantage, regarda le moine qui faisait un signe approbateur et marmonna :— Vous êtes donc tous fous ! Même vous, frère Dreu ! Il faut que je parle au capitaine.Lui, il m’écoutera.Capitaine ! cria-t-il en apercevant Corato en grande discussion avec Hugues.Capitaine !Il grimpa quatre à quatre l’échelle qui menait au château arrière, s’écriant, la main tendue vers le dromon :— Des pirates ! Des pir.— Silence ! le coupa sèchement Corato.Et retournez à votre cabine si vous ne voulez pas que je vous jette au fond de la cale !Afflavius se figea net, la bouche ouverte, avant d’obtempérer et de redescendre sur le pont.— Il ne manquerait plus que les passagers s’en mêlent ! grommela le capitaine.Que disions-nous, messire ?Corato avait une grande estime pour Hugues, appréciant ses conseils et le calme qu’il affichait même dans les circonstances les plus dramatiques.Il le savait homme de guerre, ce que lui n’était pas, et ajouta :— Que pouvons-nous faire ?Hugues observa la girouette à la tête du mât : le vent continuait à souffler vers l’al-Andalus.— Seul face à celui-là, pas grand-chose, je le crains, répondit Hugues, quoique.Pour l’instant, le vent nous est favorable et nous allons essayer de fuir.Cela nous laissera le temps d’organiser notre défense.Vous suivrez au plus près les côtes d’Espagne.Nous sommes lourds, mais eux plus encore.Le knörr est capable de réagir plus vite que ce monstre.Quitte, en dernier recours, à tirer parti de notre faible tirant d’eau et à racler le fond pour leur échapper.— C’est vrai, je n’y songeais pas.On pourrait même les attirer vers des récifs.Mais je ne connais pas aussi bien la côte qu’un pilote.Vous oubliez que le nôtre est à bord de l’esnèque.— Je n’oublie rien, capitaine.Envoyez votre sondeur à l’avant.Faites hisser la voile et que vos rameurs doublent la cadence !Un bref coup d’œil à la silhouette de plus en plus proche du dromon convainquit Corato qu’il fallait faire vite.Il évalua la puissance et l’orientation du vent et appela un de ses marins à qui il transmit ses ordres.— Levez l’ancre ! Hissez la voile ! hurla le maître d’équipage.Deux marins remontèrent la lourde chaîne.Des hommes se précipitèrent vers le windas, le treuil.Quelques instants plus tard, la toile pourpre claquait au vent.— Nous serions plus légers sans toutes ces marchandises, observa Bjorn de Karetot qui jusque-là s’était contenté d’écouter.— On ne touche pas aux marchandises ! s’écria le capitaine.Pas pour l’instant.À tribord toute, Bjorn !Le Normand poussa la barre en avant, orientant l’étrave, 1 ‘épée ainsi qu’on l’appelait, vers la côte.Après avoir faseyé un moment alors qu’ils changeaient de cap, la voile se gonfla à nouveau.Malgré son chargement, le knörr répondait bien.Il siglait maintenant vers la côte.— Faites effort sur le betas ! gueula le capitaine.Un marin enfila la longue perche dans la chute gauche de la voile afin de la raidir.— Pour répondre plus clairement à votre première question, capitaine, reprit Hugues.Je pense que nous devons nous battre, ou tout du moins, tenir bon en espérant qu’Harald et Magnus le Noir viendront à notre aide.— Ce qui est écrit est écrit ! s’écria le capitaine en haussant les épaules.Que voulez-vous que nous fassions contre un dromon comme celui-là ? Jamais, depuis que je parcours la mer intérieure, je n’en ai croisé un de cette taille.Il est si long et haut qu’on dirait une muraille ! Sans compter le nombre de mercenaires qu’il doit transporter.— Je n’imaginais pas d’abordage ni de corps à corps, Corato.Il y a d’autres façons de se battre [ Pobierz całość w formacie PDF ]

© 2009 Każdy czyn dokonany w gniewie jest skazany na klęskę - Ceske - Sjezdovky .cz. Design downloaded from free website templates