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.VERNOR VINGEAU TRÉFONDS DU CIELTraduit de l’américain par Bernard SigaudROBERT LAFFONTTitre original : A D E E P N E S S I N T H E S K Y© Vernor Vinge, 1999Traduction française : Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2001ISBN 2-221-09029-2(édition originale : ISBN 0-312-85683-0 A Tor Book, New York)À Poul AndersonEn apprenant à écrire de la science-fiction, j’ai eu de nombreux modèles célèbres, mais l’œuvre de Poul Anderson a compté pour moi plus que toute autre.De surcroît, Poul a prodigué au monde et à moi-même un trésor immense de nouvelles étonnantes et passionnantes – et il continue de le faire.Plus personnellement, je serai toujours reconnaissant à Poul et à Karen Anderson de l’hospitalité qu’ils ont témoignée à certain jeune écrivain de science-fiction dans les lointaines années 1960.V.V.Note de l’auteurCe roman se situe à plusieurs milliers d’années dans l’avenir.Le lien avec nos langues et systèmes d’écriture actuels est ténu.Signalons à tout hasard que l’initiale de « Qeng Ho » se prononce comme celle de « Tchernobyl ».(Trixia Bonsol comprendrait le problème !)PROLOGUELa chasse à l’Homme se prolongea sur plus d’une centaine d’années-lumière et sur huit siècles.Ç’avait toujours été une quête secrète – certains de ses acteurs refusaient même d’en reconnaître l’existence.Les premières années, il s’agissait simplement de questions encryptées dissimulées dans des émissions radio.Les décennies, les siècles s’écoulèrent.Il y eut des indices, des entretiens avec des compagnons de voyage de l’Homme, des signes indiquant une demi-douzaine de directions contradictoires : l’Homme était à présent seul et continuait de s’éloigner ; l’Homme était mort avant même que les recherches commencent ; l’Homme possédait une escadre de guerre et se retournait contre eux.Avec le temps, les récits les plus crédibles acquirent une manière de cohérence.Il y avait des preuves suffisamment solides pour que des vaisseaux soient détournés de leur course et consument des décennies entières à rechercher des indices nouveaux.Des fortunes furent perdues en détours et délais, mais ces pertes affectèrent certaines des plus vastes Familles négociantes et restèrent méconnues.Elles étaient assez riches, cette recherche était assez importante pour que la chose passe presque inaperçue.Car le champ des investigations s’était précisé : l’Homme voyageait seul, configuration floue d’identités multiples, enchaînement d’emplois temporaires sur des spatiocargos de seconde zone – mais sans cesser de retourner dans cette extrémité de l’Espace Humain.Le champ se réduisit de cent années-lumière à cinquante, à vingt – à une douzaine de systèmes stellaires.Et, finalement, la chasse à l’Homme se fixa sur une planète unique à l’extrémité proximale de l’Espace Humain.Sammy pouvait à présent justifier l’emploi d’une escadre spécialement destinée à conclure la chasse.Les équipages et même la plupart des armateurs ne sauraient pas le but véritable de la mission, mais il aurait de bonnes chances de mettre enfin un terme aux recherches.Sammy lui-même atterrit sur Triland.Pour une fois, il était logique qu’un Commandant soit chargé des détails : Sammy était le seul dans toute l’escadre à avoir réellement rencontré l’Homme en personne.Et, vu la popularité actuelle de son escadre en ces lieux, il pouvait se permettre d’ignorer toutes les absurdités bureaucratiques qui risquaient de se présenter.C’était là de bonnes raisons… mais Sammy serait sur place de toute façon.J’attends depuis si longtemps, et je vais bientôt lui mettre le grappin dessus.— Pourquoi devrais-je vous aider à retrouver quelqu’un ? Je ne suis pas votre mère !Le petit bonhomme s’était replié dans l’espace intérieur de son bureau.Derrière lui, une porte était entrebâillée de cinq centimètres.Sammy eut juste le temps d’apercevoir un gosse qui les observait d’un air craintif.Le petit bonhomme referma la porte d’une poigne solide.Il foudroya du regard les gardes forestiers qui avaient précédé Sammy dans l’immeuble.— Je vous le redis une fois de plus : mon lieu de travail, c’est le réseau.Si vous n’y avez pas trouvé ce que vous cherchiez, alors ce n’est pas disponible chez moi.— S’cusez-moi.Sammy tapota l’épaule du garde le plus proche.— S’cusez-moi.Il se coula au milieu des rangs de ses protecteurs.Le propriétaire se rendit compte qu’un personnage de grande taille fendait la presse.Il tendit la main vers son bureau.Nom de Dieu.S’il écrasait les bases de données qu’il avait réparties d’un bout à l’autre du réseau, ils ne tireraient rien de lui.Mais le type n’acheva pas son geste.Il contemplait, éberlué, le visage de Sammy.— Amiral ?— Euh… « Commandant d’escadre », si ça ne vous dérange pas.— Mais non, mais non ! On vous voit aux infos tous les jours.Asseyez-vous, je vous en prie.Vous êtes à l’origine de l’enquête ?Le changement d’attitude évoquait une fleur s’ouvrant à la lumière du soleil.Apparemment, les Qeng Ho étaient tout aussi populaires chez les urbains que chez les Eaux et Forêts.En quelques secondes, le propriétaire – le « détective privé », comme il se faisait appeler – avait sorti des dossiers et démarré des programmes de recherche.— Hmmm.Vous ne disposez pas d’un nom, ni d’un bon signalement physique, juste d’une date d’arrivée probable.D’ac.Alors, les Eaux et Forêts prétendent que votre type devait s’appeler « Bidwel Ducanh ».Son regard glissa de biais vers les forestiers silencieux, et il sourit.— Ils sont très forts pour tirer des conclusions absurdes à partir d’informations fragmentaires…Il relança ses programmes de recherche.— Bidwel Ducanh.Ouais, maintenant que je cherche ce nom, je me souviens avoir entendu parler de ce type.Il y a soixante ou cent ans, il s’est fait une sorte de réputation.Un personnage venu de nulle part, avec des ressources financières modérées et un flair surprenant pour l’auto-promotion.En l’espace de trente ans, il s’était assuré le soutien de plusieurs grandes sociétés et même la faveur du ministère des Eaux et Forêts.— Ducanh se faisait passer pour un urbain, mais ce n’était pas un combattant de la liberté.Il voulait investir un peu d’argent sur quelque délirant projet à long terme
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