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.— Qu’est-ce qu’il y a, Elaina ?— Est-ce que vous accepteriez de vous en charger, vous ? a-t-elle balbutié.— Je ne sais pas.Il y a plusieurs…— J’ai vraiment peur de perdre cet emploi.J’en ai parlé à M.Stowe, et il a demandé qui nous avions.J’ai mentionné Inga, Mme Lokisborg, et il a dit que ce serait très bien, après tout elle est bibliothécaire en chef, mais… mais…— Mais quoi ?— Elle a refusé.Elle s’est mise en colère contre moi.— Je suis désolé.— Alors, j’ai pensé que vous, peut-être, en tant que directeur du service informatique de la bibliothèque…Plutôt que de déclarer carrément que j’occupais un poste plus élevé que celui d’Inga, elle a esquissé un petit geste.— Je sais que c’est vous qui feriez le meilleur travail, et comme ça, si vous y alliez, ils ne seraient pas déçus.S’il vous plaît.Dans des circonstances ordinaires, je suis certain que j’aurais refusé.Mais quand les pétales que l’on a froissés et jetés dans la boue se défroissent et appellent à l’aide, qu’est-ce que l’on est censé faire ?Le soir même, je franchissais la barrière du domaine d’Alan Stowe.En voilà un, au moins, qui n’avait pas été subdivisé ; sa superficie devait approcher les cent dix hectares de terrain, du premier choix.Pour se faire une idée de ce genre d’endroit, il ne serait pas inutile d’aller jeter un coup d’œil en Angleterre à ces grandes résidences assorties de collines et de bassins artificiels au gré des fantasmes bucoliques de paysagistes tels que Capability Brown, avec gazons broutés par les moutons, murets en pierre du pays, arbres centenaires dressés dans un splendide isolement au milieu de pelouses impeccables.J’avais demandé à Elaina de téléphoner pour annoncer mon arrivée.C’était un haras en activité.Je n’avais aperçu les chevaux qu’à travers la vitre de ma Saab vieille de quatorze ans, mais d’après ce que j’avais pu distinguer, ils paraissaient aussi soignés, lustrés et luxueux que tout le reste de la propriété.À dix-huit heures trente sonnantes, je me suis présenté à l’entrée de la demeure.Un homme vêtu d’une sorte d’uniforme a ouvert la porte.Il m’est venu à l’esprit qu’il pouvait s’agir du majordome, mais n’ayant encore jamais vu de maison avec majordome, je ne pouvais en être certain.J’ai préféré m’abstenir de l’interroger, au cas où ç’aurait été le fils de la maison qui aimait s’habiller d’une manière spéciale.Je me suis contenté de me présenter, sur quoi il m’a fait pénétrer à l’intérieur de la demeure.Elle était aux MacMaisons de Stowe ce qu’un filet mignon est à un Big Mac – le rêve dont ces constructions ne sont qu’une imitation de pacotille.Une description minutieuse, au coup par coup, de ses boiseries, de ses peintures, de ses tapis, de ses meubles, ne rendrait pas justice à son intrinsèque splendeur.La bibliothèque était une merveille, comme tout le reste.À l’université, nous fermions de plus en plus tôt, en rognant progressivement sur les dimanches et les jours fériés ; nos murs étaient nus, nos étagères d’acier dépourvues du moindre ornement, et nos salles baignaient dans la lumière grelottante des néons ; mais cet endroit était équipé d’étagères en acajou, de meubles aussi élégants que confortables, et éclairé par des lampes à incandescence.Stowe était vieux, il avait l’air grincheux.— Où est Mme Lokisborg ?— Elle n’était pas disponible, ai-je répondu.Je suis le directeur du service informatique de la bibliothèque, et Mlle Whisthoven a pensé que vous jugeriez mes qualifications appropriées.— Bien, bien, vous pourrez expliquer à Mme Lokisborg à côté de quoi elle est passée.Je suppose que vous ferez l’affaire.Vous savez ce qu’on attend de vous, j’espère ?— Eh bien, plus ou moins.Mais vous pouvez me le redire, si vous voulez.— Je ne devrais pas avoir à le faire.Un employé doit connaître son travail.Tous mes employés connaissent leur travail, sinon ils se retrouvent dehors, sur le cul.C’est ce qui vous attend si vous ne donnez pas satisfaction.Les bibliothèques sont des havres de liberté.Des refuges propres et secs dans un monde livré aux intempéries.Elles sont remplies d’idées et d’informations.Par ailleurs, elles ont tendance à attirer toutes sortes de zozos et de zinzins et de paranos qui traînent des chariots de supermarché regorgeant de scénarios de conspiration.Même les bibliothèques universitaires, avec leur accès limité sur un campus sécurisé.Après tout, il y a pas mal de profs et d’étudiants qui ont pété les plombs.Au fil des ans, je m’y suis habitué ; ayant appris à les considérer comme inoffensifs, je ne m’offusque jamais de leur comportement.La meilleure façon d’agir, tant qu’ils n’en viennent pas à la violence physique, c’est encore de faire mine d’entrer dans leur jeu.Stowe m’avait l’air d’appartenir à cette catégorie de personnages, et j’ai décidé de le traiter comme eux, en hochant la tête et en restant neutre, ni contrariant ni condescendant.— Il y a des secrets, ici, a repris Stowe.De grands secrets.— J’en suis certain.Des papiers se trouvaient devant lui, sur la table de lecture à laquelle il était assis.Il les a poussés vers moi en m’ordonnant :— Signez.J’ai baissé les yeux vers les pages noircies de petits caractères.Le bois sur lequel elles étaient posées était tellement verni que tout s’y reflétait, le plafond, les lumières, le vieux Stowe, ma main et mon bras.Nous avions l’air de ces nains difformes qui vivent dans un monde de vase au fond de la rivière.Il s’agissait d’un accord de confidentialité, le contrat type que les entreprises ou les gens fortunés concluent avec les minus pour les avertir, en substance : si tu parles de mes affaires à quiconque, je serai en droit de te ruiner, de te prendre ta chemise, de te priver de ton toit, de piquer les roues de ton véhicule et de faire main basse sur tout le fric que tu as pu mettre de côté pour tes vieux jours.Évidemment, j’ai signé, en me disant que ce type ne risquait pas de dissimuler quoi que ce soit que j’aie le moindre besoin ou la moindre envie de révéler à quiconque.Après tout, je n’allais travailler là que pendant deux jours, le temps qu’Elaina se repose ou aille voir un médecin, ou qui elle voulait.— Est-ce que vous aimez la poésie ? m’a demandé Stowe pendant que je me tâtais les poches à la recherche d’un stylo.— Oui.Beaucoup, en fait [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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