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.Une ombre par personne.Et chacun faisait devoir de se l’entretenir.Comme une parure.La nettoyer, la raccommoder, la polir et la coiffer.L’éclat de l’ombre étant une manière d’en apprendre beaucoup sur sa personne respective.Une silhouette propre et soignée, on pouvait être fier et se fier.Et l’ombre vous rendait la monnaie de sa pièce.Reconnaissante.Parfois jusqu’à la fidélité limite.On a vu des décédés se faire enterrer avec leur ombre.Des archéologies précises, creusées aux pinceaux et datées au calcium de l’ère pré-grippespagnole, révèlent la présence de vieilles ombres séchées ensevelies dans la plupart de nos cimetières québécois.On s’affiche l’obscurité depuis belle Lurette.C’est un mœurs.Aujourd’hui, avec l’électrification sauvage de nos civilisations et les lampadaires effrénés, la mode ombragée dégénère.À s’inventer du jour à cœur de nuit.Et à braver les principes loyaux jusqu’à porter deux ou trois ombres pour soi seul.Sans compter tous ces gazés du néon qui se font du métier à cultiver la peur des ombres.Ça change partout.Mais rien n’y fait.Chez nous, les ombres sont là pour rester.Suffit d’une nuit blanche à espionner pour capter l’évidence.Suffit d’une pisse nocturne pour se sentir suivi.Une ombre ne déambule jamais seule.Toujours quelqu’un lié pas loin.Ça fait partie des mentalités.Voilà.Et Ésimésac Gélinas dans un jeu de quilles.Tout rempli d’attributs, mais qui n’avait pas d’ombre.Aucune.Et dont il brillait par l’absence.Un handicap dont on ne goûta les véritables désavantages qu’aux inscriptions de la petite école du village.La maîtresse, grise de sœur, n’eut d’autres choix que de lui refuser son admission.Par processus habituel.Rejeté pour la différence.Le tout prononcé comme une sentence, avec la bouche pincée et les commissures scolaires.— Anormal.Ça lui prenait une instruction obligatoire dans une institution spécialisée.Une école de réombrilitation.En ville.Pour le remettre dans les rangs.Dans le nombre.Progressivement.Comme on forge tous les enfants à l’uniforme.Mais pas si simple.Surtout parce que lui, il voulait aller à l’école.Comme les autres.Du village.Son père le pris sous lui.Sa mère, sous ailes.Pour lui trouver un remède ou une prothèse.Ils se lancèrent dans des consultations d’un bord, et des rencontres de l’autre.Dans une suite de rendez-vous chez les docteurs, les ramancheux, les rabouteux.Des réputés et des moins rares.Qui demeurèrent tous unanimes dans la multitude, mais vains dans le guérissage.On diagnostiquait congénital.Ou circoncis conflexe.Coupé à la racine de la naissance.Avec très peu de chances que ça repousse dans la réincarnation en cours.UNE OMBRILISTESoir de veille à virailler dans ses draps.À une journée de la rentrée scolaire.Plus qu’un dodo, mais un qui tarde.Ésimésac dans son lit, enfant singulier, à se retourner sur lui-même.Aussi seul qu’on peut l’être, malgré la taille, quand on n’a même pas de contour à coucher près de soi.Même pas d’ombre à craindre sous le lit.Ésimésac étendu sur le ventre.La nuit perçait dans sa fenêtre, jusqu’à l’effleurer de noirceur.Et lui filer l’idée derrière la tête que la seule personne à pouvoir l’aider, elle lui côtoyait l’entourage.Trop proche, pas vue.Sa marraine.Il avait sauté dans ses kodiaks et couru en pyjama vers le fond du rang.Jusqu’au lac aux Sangsues.Là où elle habitait, la bonne femme.Elle qui entretenait des rumeurs de sciences occultes et de marché noir.C’en était une que les on-dit mettaient d’accointance avec le prince des ombres inc.Une détaillante affiliée.Concessionnaire d’assombrissements.À mi-chemin entre la médecine douce et la lisière sorcière.Et marraine d’Ésimésac.Toute qualifiée.Experte.Une ombriliste dans la famille.On disait d’elle, la sorcière, qu’elle entreposait son stock sombre dans son hangar.Les plus courageux osaient un œil.Dans les craques, entre les planches, on n’y voyait que de la noirceur.Sous cadenas.Des ombres à paupières, ombres de marmottes et ombres chinoises.Parce que certains avaient eu le bon sens de signer leur carte de don d’organes.Rien de grandiose dans son inventaire ténébreux.Pas de personnage connu, mais des ombres de dépannage.Pour ceux qui ne supportent plus le poids lumineux des jours.Ésimésac courait.À l’entrée du domaine, l’affiche invitante.Venez en grande ombre.Et la maison au bout du chemin.La porte s’ouvrit avant même qu’il ne frappe.Comme quelqu’un qui répond au téléphone avant que ça sonne.Par prémonition.Ésimésac avait arrêté l’élan de cogner juste à temps [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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