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.Voilà au moins quelque chose que Tibère n'aurait jamais.Tibère était un sans-le-sou.Pas un franc derrière lui, et pas un franc devant.Tibère était un va-nu-pieds.Tïbère avait fait son éducation tout seul, en grappillant.Magistralement peut-être, mais en grappillant.Tibère n'était même pas élève de l'École Française de Rome.Lui, Claude, y était entré facilement grâce à la recommandation de son père.Mais Tibère et Néron étaient restés à la porte.À eux deux, ils avaient juste réussi à décrocher une bourse de l'université, qui leur avait permis de suivre Claude en Italie, et qu'ils se partageaient.Mais Claude savait très bien que sa belle-mère donnait en plus un peu d'argent à Tibère, comme quand il était petit.Ça crevait les yeux.C'était à— Oui?— Tu penses que je n'aurais pas dû laisser tomber Livia ?— Ça te regarde.— Est-ce que tu sais que je me perdrai par les femmes ?— Pourquoi ? Parce que l'empereur Claude s'est fait ridiculiser par sa troisième épouse et assassiner par sa quatrième ?Claude rit.Il tira la porte et souffla par l'entrebâillement :— Quatrième femme qui n'était autre que la mère deNéron.Ne le néglige pas.Tibère courut à la porte et cria dans le couloir :— Néron qui tua sa mère en récompense du trône, nel'oublie pas.— Excuse-moi, Tibère.Je sais que tu n'as rien dit.— Qu'est-ce que t'écrit Henri ?— Il dit qu'il a eu entre les mains un petit Michel-Ange inédit.Il soupçonne le truc d'avoir été volé dans un fonds d'archives inexploré et il a pensé à la grande Vati-cane.Ensuite, il a appelé Lorenzo à ce sujet, parce qu'il pense que, travaillant au Vatican, il a pu surprendre un trafic, si trafic il y a.Lorenzo a interrogé Maria, qui n'a rien remarqué de spécial à la Bibliothèque ces derniers temps.Là s'arrête toute l'histoire.Et malgré tout, alors qu'il a horreur de se déranger pour des vétilles, il débarque à Rome pour «voir ça de plus près ».En plein mois de juin.C'est insensé.— Peut-être n'a-t-il pas tout dit, peut-être a-t-il une piste solide, des doutes sur un de ses anciens collègues.Peut-être veut-il étouffer l'affaire en personne ?— Et pourquoi ne m'aurait-il rien dit, en ce cas ?— Pour que tu n'affoles pas le gibier en allant raconter ça partout.Claude se renfrogna.— Ne le prends pas mal, mon ami.Tu sais bien qu'après trois verres, un attendrissement général t'entraîne avec une indulgence sans discernement dans un monde meilleur, où tu trouves soudain toutes les femmes désirables et tous les hommes charmants.C'est ta tendance.Henri prend peut-être simplement ses précautions.— Alors tu ne crois pas qu'il vient pour me reprendre en main ?— Non.Est-ce que Lorenzo sera chez Gabriella ce soir?— Normalement, oui.C'est vendredi.— Appelle-la.On passera saluer notre ami 1 evêque et on en saura peut-être un peu plus.Dis-lui qu'on dînera chez elle.— C'est vendredi, il va y avoir du poisson.— Tant pis.Claude sortit et revint aussitôt.— Tibère ?principes en ébullition volontaire et étudiée, un provocateur-né.Au début, pressé par Henri Valhubert, il avait surtout aidé Claude dans ses études, et maintenant il pilotait régulièrement les trois garçons dans les recoins de la Vaticane.Depuis plusieurs années, l'évêque avait été largement dégagé des obligations de son diocèse et appelé au Vatican, où son exceptionnelle compétence de lettré et de théologien l'avait rendu indispensable tant à la grande bibliothèque qu'auprès du collège des cardinaux.Peu de choses ayant trait à la Vaticane échappaient à la connaissance de Vitelli, qui y avait d'ailleurs installé son cabinet de travail.Pourquoi Henri venait-il si brusquement à Rome ? Ça n'avait pas de sens.— Mais qu'est-ce que tu faisais ? demanda Gabriella en l'embrassant.On t'attend depuis des siècles.— Préparation d'une visite officielle au Vatican, ma chérie, répondit l'évêque.— Monseigneur, dit Tibère en lui serrant la main, l'ouvrage que vous m'avez indiqué va au-delà de mes espérances.J'y suis plongé depuis trois jours.Il y a pourtant quelques locutions latines que je ne comprends pas.Si vous pouviez.— Passe me voir demain.Non.Si tu es à la Vaticane, c'est moi qui passerai te voir, dans la grande salle.J'en profiterai pour inspecter encore une fois l'état des archives.Tu es au courant de cette histoire, Claude ?— Plutôt, gronda Claude.— Ça n'a pas l'air de te faire plaisir.— Je me méfie de mon père.C'est vrai, cette histoire d'un Michel-Ange volé ?— Doucement, Claude, dit l'évêque.Rien ne dit qu'il ait été volé.Mais ton père a l'air d'avoir une idée, probablement plus précise qu'il ne veut bien l'admettre, pour le pousser à faire ce séjour
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