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.Ils m’ont cherché dans la rue, partout.Tu ne me vendras pas, dis ?— Non, bien sûr.Qu’est-ce que tu portes dans ton paquet ?— Rien.Si elle avait exigé de voir le contenu du paquet, si elle avait cherché à le lui arracher, il ne l’aurait sans doute jamais revue de sa vie.Mais elle lui dit seulement :— Je t’en prie, Horty, montre-moi.— Tu peux regarder.Sans lâcher son poignet gauche, il se tourna de façon qu’elle pût prendre le balluchon sous son bras.Elle l’ouvrit (c’était un sac en papier) et en retira l’affreuse tête écrasée de Junky.Les yeux de Junky étincelèrent dans la pénombre et elle poussa un petit cri.— Qu’est-ce que c’est que ça ?— C’est Junky.Je l’ai depuis ma naissance.C’est Armand qui a marché dessus.— C’est pour cela que tu te sauves de chez toi ?— Kay, pourquoi restes-tu si longtemps dehors ?— Je viens, maman.Il faut que je rentre, Horty.Est-ce que tu vas retourner chez toi ?— Ça non ! Jamais.— Eh bien, mon vieux.Il est si méchant que ça, M.Bluett ?— Kay, veux-tu rentrer tout de suite ! Il pleut.— Oui, maman.Je voulais te dire quelque chose, Horty, je n’aurais pas dû me moquer de toi cet après-midi.Quand Hecky t’a apporté les vers, moi j’ai cru que c’était une farce, pas autre chose.Je ne savais pas que tu mangeais des fourmis pour de bon.Peuh !.après tout, moi, une fois, j’ai bien mangé du cirage.Ce n’est rien du tout.Horty écarta son coude et elle y replaça soigneusement le paquet.Il dit alors, comme s’il venait seulement d’y penser – ce qui était d’ailleurs le cas :— Je reviendrai, tu sais, Kay.Un jour je reviendrai.— Kay.— Au revoir, Horty.Elle disparut.Horty vit une chevelure couleur d’étoupe, une robe jaune clair et un liséré de dentelle se métamorphoser sous ses yeux en une grille fermée qui coupait une palissade, tandis qu’un bruit de petits pas rapides décroissait rapidement.Horton Bluett resta seul dans la nuit pluvieuse ; il avait froid mais sa main blessée le brûlait.Sa gorge aussi.Il avalait avec difficulté la grosse boule de chagrin qui l’étouffait quand, levant la tête, il aperçut l’arrière d’un camion arrêté au feu rouge, qui semblait lui faire signe.Il y courut et lança son paquet dans le camion qu’il escalada en s’accrochant de son mieux avec sa main droite, tout en s’efforçant de ne pas se servir de sa gauche.Le camion démarra brusquement.Horty dut s’agripper de toutes ses forces pour ne pas tomber.Le paquet qui contenait les restes de Junky commença à glisser vers lui, à le dépasser.Il voulut le rattraper, lâcha la ridelle à laquelle il se raccrochait et commença à glisser à son tour.Soudain une forme indistincte remua à l’intérieur du camion ; une atroce douleur traversa comme un coup d’épée la main gauche de Horty saisie au vol dans une poigne vigoureuse.Il manqua s’évanouir.Quand il reprit ses sens, il était allongé sur le dos, sur le plancher du camion que secouaient d’incessantes vibrations ; il tenait de nouveau son poignet gauche dans sa main droite, et n’exprimait sa souffrance que par des sanglots étouffés et de petits grognements à peine audibles.— Dis donc, petit, on dirait que tu n’as pas envie de faire de vieux os !Celui qui venait de prononcer ces mots était un jeune garçon à peu près du même âge que Horty.Il était excessivement gras et penchait au-dessus de l’enfant une tête poupine reposant sur un triple menton.— Qu’est-ce que tu t’es fait à la main ? ajouta-t-il.Horty resta silencieux.Il était à ce moment bien incapable de répondre.Avec une douceur surprenante, le gros garçon écarta la main valide de Horty des mouchoirs entortillés autour de sa main gauche qu’il commença à dérouler.Quand il fut arrivé à la dernière couche de ce pansement improvisé, il aperçut du sang, à la lueur fugitive d’un réverbère qu’ils venaient de dépasser.« Sacrédié ! » dit-il.Quand le camion s’arrêta à un autre feu rouge, il regarda de plus près.« Oh ! Sacrédié », répéta-t-il.La vigueur de son exclamation semblait venir du tréfonds de lui-même ; ses yeux se contractèrent au point de n’être plus que deux réseaux de rides apitoyées.Horty comprit que le gros garçon le plaignait ; ce fut alors seulement qu’il se mit à pleurer sans se gêner.Il aurait bien voulu se contenir, mais il ne le pouvait pas ; il continua pendant tout le temps que mit l’inconnu à lui rebander sa main, et même un bon moment après.Le gros garçon se rassit sur un rouleau de toile et attendit que Horty se fût calmé.Un peu plus tard, comme il commençait à s’apaiser un peu, le garçon lui adressa un clin d’oeil amical et Horty, profondément sensible à la moindre gentillesse, se remit à gémir.Son compagnon ramassa le sac en papier, regarda à l’intérieur, poussa un petit grognement, le referma soigneusement et le posa à côté de lui sur le rouleau de toile.Puis, au grand étonnement de Horty, il sortit de la poche intérieure de sa veste un grand étui à cigares en argent, formé de cinq cylindres accolés ; il y prit un cigare, le mit dans sa bouche, le tourna entre ses lèvres pour en humecter l’extrémité et l’alluma, s’entourant bientôt d’un nuage de fumée bleue, à la fois âcre et douceâtre.Il n’essaya pas d’engager la conversation.Au bout d’un moment, Horty dut finir par s’endormir, car, quand il rouvrit les yeux, il s’aperçut que le gros garçon avait plié son veston et l’avait posé sous sa tête, en guise d’oreiller, mais fut incapable de se souvenir quand il l’avait vu faire.La nuit était maintenant tout à fait tombée.Horty s’assit.Aussitôt, la voix du gros garçon sortit des ténèbres.— Reste tranquille, bonhomme.Une petite main grassouillette vint caler le dos de Horty.— Comment te sens-tu ?Horty voulut répondre, s’étrangla, avala sa salive et fit une nouvelle tentative.— Pas mal.Enfin, je crois.Oh ! là là, ce que j’ai faim.Nous sommes dans la campagne maintenant ?Il eut conscience que l’autre venait s’accroupir près de lui
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