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.Elle sortit sans parler à personne, et fut droit à la tour, où elle ôta elle-même les fers des pieds et des mains d’Avenant.Et, lui mettant une couronne d’or sur la tête et le manteau royal sur les épaules, elle lui dit :– Venez, aimable Avenant, je vous fais roi et vous prends pour mon époux.Il se jeta à ses pieds et la remercia.Chacun fut ravi de l’avoir pour maître.Il se fit la plus belle noce du monde, et la Belle aux cheveux d’or vécut longtemps avec le bel Avenant, tous deux heureux et satisfaits.Si par hasard un malheureuxTe demande ton assistance,Ne lui refuse point un secours généreux.Un bienfait tôt ou tard reçoit sa récompense.Quand Avenant, avec tant de bonté,Servati carpe et corbeau ; quand jusqu’au hibou même,Sans être rebuté de sa laideur extrême,Il conservait la liberté !Aurait-on pu jamais pu le croire,Que ces animaux quelque jourLe conduiraient au comble de la gloire,Lorsqu’il voudrait du roi servir le tendre amour ?Malgré tous les attraits d’une beauté charmante,Qui commençait pour lui de sentir des désirs,Il conserve à son maître, étouffant ses soupirs,Une fidélité constante.Toutefois, sans raison, il se voit accusé :Mais quand à son bonheur il paraît plus d’obstacle,Le Ciel lui devait un miracle,Qu’à la vertu jamais le Ciel n’a refusé.L’Oiseau bleuC’était une fois un roi fort riche en terres et en argent ; sa femme mourut, il en fut inconsolable.Il s’enferma huit jours entiers dans un petit cabinet, où il se cassait la tête contre les murs tant il était affligé.On craignit qu’il ne se tuât, on mit des matelas entre la tapisserie et la muraille, de sorte qu’il avait beau se frapper, il ne se faisait point de mal.Tous ses sujets résolurent de l’aller voir, et de lui dire ce qu’ils pourraient pour soulager sa tristesse.Les uns préparaient des discours graves et sérieux ; d’autres d’agréables et réjouissants : mais cela ne faisait aucune impression sur son esprit, à peine entendait-il ce qu’on lui disait.Enfin, il se présenta devant lui une femme si couverte de crêpes noirs, de voiles, de mantes, de longs habits de deuil, et qui pleurait et sanglotait si fort et si haut, qu’il en demeura surpris.Elle lui dit qu’elle n’entreprenait point comme les autres de diminuer sa douleur, quelle venait pour l’augmenter, parce que rien n’était plus juste que de pleurer une bonne femme ; que pour elle, qui avait eu le meilleur de tous les maris, elle faisait bien son compte de pleurer tant qu’il lui resterait des yeux à la tête.Là-dessus elle redoubla ses cris, et le roi, à son exemple, se mit à hurler.Il la reçut mieux que les autres ; il l’entretint des belles qualités de sa chère défunte, et elle renchérit celles de son cher défunt : ils causèrent tant et tant, qu’ils ne savaient plus que dire sur leur douleur.Quand la fine veuve vit la matière presque épuisée, elle leva un peu ses voiles, et le roi affligé se récréa la vue à regarder cette pauvre affligée, qui tournait et retournait fort à propos deux grands yeux bleus, bordés de longues paupières noires : son teint était assez fleuri.Le roi la considéra avec beaucoup d’attention ; peu à peu il parla moins de sa femme, puis il n’en parla plus du tout.La veuve disait qu’elle voulait toujours pleurer son mari ; le roi la pria de ne point immortaliser son chagrin.Pour conclusion, l’on fut tout étonné qu’il l’épousât, et que le noir se changeât en vert et en couleur de rose : il suffit très souvent de connaître le faible des gens pour entrer dans leur cœur et pour en faire tout ce que l’on veut.Le roi n’avait eu qu’une fille de son premier mariage, qui passait pour la huitième merveille du monde ; on la nommait Florine, parce qu’elle ressemblait à Flore, tant elle était fraîche, jeune et belle.On ne lui voyait guère d’habits magnifiques ; elle aimait les robes de taffetas volant, avec quelques agrafes de pierreries et force guirlandes de fleurs, qui faisaient un effet admirable quand elles étaient placées dans ses beaux cheveux.Elle n’avait que quinze ans lorsque le roi se remaria.La nouvelle reine envoya quérir sa fille, qui avait été nourrie chez sa marraine, la fée Soussio ; mais elle n’en était ni plus gracieuse ni plus belle : Soussio y avait voulu travailler et n’avait rien gagné.Elle ne laissait pas de l’aimer chèrement.On l’appelait Truitonne, car son visage avait autant de taches de rousseur qu’une truite ; ses cheveux noirs étaient si gras et si crasseux que l’on n’y pouvait toucher, sa peau jaune distillait de l’huile.La reine ne laissait pas de l’aimer à la folie ; elle ne parlait que de la charmante Truitonne, et, comme Florine avait toutes sortes d’avantages au-dessus d’elle, la reine s’en désespérait ; elle cherchait tous les moyens possibles de la mettre mal auprès du roi.Il n’y avait point de jour que la reine et Truitonne ne fissent quelque pièce à Florine.La princesse, qui était douce et spirituelle, tâchait de se mettre au-dessus des mauvais procédés.Le roi dit un jour à la reine que Florine et Truitonne étaient assez grandes pour être mariées, et que le premier prince qui viendrait à la cour, il fallait faire en sorte de lui en donner l’une des deux.– Je prétends, répliqua la reine, que ma fille soit la première établie ; elle est plus âgée que la vôtre, et, comme elle est mille fois plus aimable, il n’y a point à balancer là-dessus.Le roi, qui n’aimait point la dispute, lui dit qu’il le voulait bien et qu’il l’en faisait la maîtresse
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