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.— Reçois ton serviteur Uhtred, implora-t-il, dans la bienheureuse compagnie des saints et au rang des anges les plus resplendissants.J’espère que les saints et les anges souffrent moins du froid que je n’en souffris ce jour-là.Après le baptême, Gytha pleura, je ne sais pourquoi.Elle aurait mieux fait de pleurer la mort de mon frère.Nous apprîmes bientôt ce qui lui était arrivé.Les trois navires danes étaient entrés dans l’estuaire de l’Aine où étaient établis des pêcheurs et leurs familles.Les villageois avaient prudemment fui à l’intérieur des terres, mais quelques-uns étaient restés pour observer l’embouchure depuis une colline boisée.Ils nous rapportèrent que mon frère était arrivé à la nuit tombée, alors que les Vikings mettaient le feu à leurs maisons.On les appelait Vikings lorsqu’ils pillaient, mais Danes ou païens lorsqu’ils venaient commercer – ceux-ci étaient donc des Vikings.Ils étaient descendus en petit nombre, la plupart restant encore sur les navires, et mon frère avait décidé de poursuivre jusqu’aux maisons pour les tuer, mais c’était, bien sûr, un piège.Les Danes avaient vu arriver sa troupe et avaient dissimulé tout un équipage au nord du village.Leurs quarante hommes les avaient pris à revers, et tous tués.Mon père se consola en déclarant que son fils aîné avait dû connaître une mort rapide.Il se trompait : son fils avait vécu assez longtemps pour révéler son identité aux Danes, sans quoi comment ceux-ci auraient-ils pu rapporter sa tête à Bebbanburg ? Les pêcheurs prétendirent qu’ils avaient tenté d’avertir mon frère, mais j’en doutai.Ils disaient cela pour que la tragédie ne puisse leur être imputée.Prévenu ou non, mon frère était mort et les Danes nous avaient ravi treize excellentes lames, autant de bons chevaux, une cotte de mailles, un casque, et à moi mon nom de naissance.Cela ne s’arrêta pas là.Une semaine après la mort de mon frère, nous fûmes avertis qu’une flotte dane importante avait remonté les rivières pour prendre Eoferwic.Ils avaient remporté la bataille le jour de la Toussaint, ce qui fit pleurer Gytha, car, à ses yeux, cela signifiait que Dieu nous avait abandonnés.Cependant, il y avait une bonne nouvelle : apparemment, celui qui portait encore mon nom, le roi Osbert, avait fait alliance avec son rival, le prétendant Ælla.Ils avaient décidé d’unir leurs forces et de reprendre Eoferwic.Cela semble simple, mais, bien sûr, cela prit du temps.Des messagers sillonnèrent le pays, des conseillers conférèrent, des prêtres prièrent, et c’est seulement à la Noël qu’Osbert et Ælla scellèrent la paix sous serment et convoquèrent les hommes de mon père, qui ne pouvaient prendre la route en plein hiver.Les Danes étaient à Eoferwic et y restèrent jusqu’au début du printemps, quand nous apprîmes que l’armée de Northumbrie allait se rassembler devant la cité.À ma grande joie, mon père décréta que je descendrais avec lui dans le Sud.— Il est trop jeune, protesta Gytha.— Il a presque onze ans, répondit mon père.Et il doit apprendre à se battre.— Il ferait mieux d’apprendre ses leçons, dit-elle.— Un clerc mort n’est d’aucune utilité à Bebbanburg.Et Uhtred est désormais mon héritier, il doit apprendre à se battre.Cette nuit-là, il demanda à Beocca de me montrer les parchemins conservés dans la chapelle qui attestaient que nous possédions cette terre.Beocca m’avait appris mon alphabet depuis deux ans, mais j’étais mauvais élève et, à son grand désespoir, je ne compris goutte à ce qui était écrit.Beocca soupira et m’expliqua.— Ils décrivent la terre, cette terre que possède ton père, et disent qu’elle est sienne par notre loi et celle de Dieu.Et un jour ces terres m’appartiendraient, car cette nuit-là mon père dicta un nouveau testament, stipulant qu’à sa mort Bebbanburg reviendrait à son fils Uhtred, que je serais ealdorman et que tous les habitants entre les rivières Tuede et Tine devraient me prêter allégeance.— Nous étions rois autrefois, me dit-il.Et notre terre s’appelait Bernicie.Et sur ces mots, il appliqua son sceau dans la cire rouge, y laissant la forme d’une tête de loup.— Et nous devrions être de nouveau rois, renchérit mon oncle Ælfric.— Peu importe comment on nous appelle, répondit sèchement mon père, du moment qu’on nous obéit.Puis il fit jurer Ælfric sur le peigne de saint Cuthbert qu’il respecterait le nouveau testament et me reconnaîtrait comme Uhtred de Bebbanburg.Ælfric jura.— Nous massacrerons ces Danes comme moutons dans un enclos et nous reviendrons ici chargés de butin et d’honneurs, conclut mon père.— Si Dieu le veut, dit Ælfric.Ælfric resterait à Bebbanburg avec trente hommes pour garder la forteresse et protéger les femmes.Il m’offrit des présents : une cotte de cuir qui me protégerait de l’épée et, mieux que tout, un casque qu’Ealdwulf le forgeron avait orné d’un cercle de bronze doré
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