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.L’avenir s’annonçait, selon elle, sous les meilleurs auspices.Leur expédition elle-même promettait de n’être qu’une partie de plaisir.Leurs compagnons avaient commencé par afficher une certaine défiance à l’égard de ce couple de Français qui voyageaient comme des pachas.Eugène avait en effet installé sa jeune épouse dans un chariot aménagé de telle sorte qu’elle n’eût pas trop à souffrir de l’inconfort du voyage.Mais le journaliste avait bien vite eu raison de la réticence des autres pionniers.Il se montrait d’une telle disponibilité que ses extravagances ne suscitaient plus que des sourires bienveillants.Lorsqu’ils arrivèrent à Fort Kearny, après avoir traversé les plaines sous un doux soleil de printemps, l’humeur du groupe était des plus joyeuse.Les seuls obstacles rencontrés avaient été de petits cours d’eau dont le passage n’avait posé aucune difficulté majeure.La deuxième étape, qui devait les mener à Fort Laramie, se révéla nettement plus rude, mais tout à fait supportable.Le soleil de juin avait déjà brûlé l’herbe et la végétation était inexistante.Par bonheur, la vallée était jonchée d’excréments de bisons, lesquels fournissaient un succédané satisfaisant pour pallier l’absence de bois au moment de faire du feu, car si les journées étaient caniculaires, les nuits, elles, devenaient de plus en plus fraîches.Après quelques heures de repos à Fort Laramie, le voyage se poursuivit dans un pays toujours plus inhospitalier, riche en sources sulfureuses et alcalines, qui précédait la confrontation avec la South Pass, au sommet de laquelle ils arrivèrent à la mi-juillet.Là, les nuits étaient si glaciales que l’eau gelait dans les seaux.Catherine, dont la grossesse avançait, souffrait de plus en plus, en dépit de la prévenance de son mari, qui maudissait Frémont d’avoir présenté la traversée du continent américain comme un voyage d’agrément.Le soleil était toujours plus torride, le terrain plus accidenté, et c’est au bord de l’épuisement qu’ils arrivèrent sur les berges de la Mary’s River.Or, le pire restait à venir.Des animaux commençaient à mourir à la peine.Par bonheur, les Humboldt Meadows leur offrirent une halte bienvenue où chacun put reprendre des forces et remplir les chariots d’herbe pour nourrir le bétail pendant la traversée du désert qui les mènerait à la Truckee River.Ce fut aux Truckee Meadows, une nouvelle oasis dans leur progression, qu’Eugène décida que l’état de son épouse ne leur permettait pas de suivre le reste du convoi.Leur guide, Mike Webster, avait annoncé qu’ils se trouvaient sur le point d’affronter leur dernier obstacle avant l’arrivée dans les plaines tant attendues de Californie.Hélas ! cette ultime épreuve était la plus terrible de toutes puisqu’il s’agissait de la sierra Nevada, avec ses neiges éternelles.Après avoir longuement parlementé avec Mike, qui déconseillait au couple de s’isoler, le journaliste s’obstina dans sa décision.Il refusait d’imposer à sa jeune épouse des tourments qui risquaient non seulement d’avoir des répercussions fâcheuses pour l’enfant à naître, mais encore de s’avérer fatals pour la mère.Mike finit par se rendre aux raisons du journaliste et, le convoi ayant désormais adopté les Français, tous les hommes décidèrent de mettre leur halte à profit pour construire une maison où leurs amis pourraient attendre la fin de l’hiver.Catherine fut émerveillée par la vitesse avec laquelle leur habitation provisoire sortait de terre.Il était évident que ces hommes n’en étaient pas à leur coup d’essai.Avant de reprendre la route, ils se donnèrent encore la peine de bâtir une clôture pour les chevaux et un abri pour les bœufs.Puis tout le monde se donna rendez-vous en Californie après avoir échangé de franches accolades.L’enfant naquit une dizaine de jours après le départ du convoi.C’était un garçon, ainsi que l’avait prédit Eugène.Il avait les cheveux sombres, comme son père, et, à en croire ce dernier, ses yeux pétillaient déjà de malice, comme ceux de sa mère.Même la petite tache de naissance en forme de navire sur son épaule gauche suscitait le ravissement de ses parents.Catherine avait eu le temps de récupérer assez de forces pour que la naissance se déroulât sans la moindre difficulté.Le journaliste s’était révélé une sage-femme tout à fait honorable.Une fois l’accouchement terminé, il avait avoué que la perspective d’assister son épouse dans un moment aussi délicat l’avait fait hésiter à se séparer du convoi.Les femmes qui voyageaient avec eux auraient été nettement plus compétentes que lui pour remplir ce rôle.Catherine avait ri.— Pas un instant je n’ai douté que tu serais à la hauteur.Désormais, je ne veux plus d’autre sage-femme.Le temps passa et la mère retrouvait tout son allant tandis que l’enfant se développait et offrait beaucoup de joies à ses parents.Cette nouvelle vie en communion avec la nature convenait parfaitement à Eugène.— Tu vois ces sommets ? se plaisait-il à répéter en désignant les cols enneigés de la sierra Nevada.Ils me rappellent les Alpes au pied desquelles j’ai vu le jour.Mais Catherine était née à Paris.C’était une citadine à qui l’animation de la ville commençait à manquer depuis qu’elle avait lu et relu les quelques romans qu’ils avaient emportés dans leurs bagages, ainsi que les récits qui avaient nourri le projet d’Eugène d’une installation en Californie.Heureusement, il y avait Thomas, qui lui était une source continue de ravissement.Elle aimait lui donner son doigt et sentir la petite poigne du nourrisson le serrer avec force.Debout à la fenêtre, elle regardait en frissonnant la nuit qui venait de prendre possession de la vallée.La silhouette d’un Indien de la tribu des Paiutes, dressé sur son cheval au sommet d’une colline voisine, avait été la dernière vision qui s’était offerte à elle avant que le soleil s’éteigne derrière les pics menaçants.Elle savait qu’elle n’avait rien à craindre des Paiutes.Depuis leur installation dans la région, ils s’étaient toujours montrés bienveillants à leur égard.Ils leur avaient souvent procuré de petits poissons qui ressemblaient à des sardines ; ils avaient même montré à Eugène comment les pêcher à l’aide d’ingénieux crochets composés d’un bâtonnet à l’extrémité duquel ils attachaient, presque à angle droit, l’épine dure d’un conifère.Pourtant, ce soir, elle avait l’impression que le danger rôdait tout autour de la maison.D’un mouvement presque brutal, elle appuya ses poings contre ses yeux.Son être n’était que souffrance, or elle ne parvenait pas à verser la moindre larme.De la peur, de la douleur, c’était encore la fureur qui était la plus forte.Une fureur qui anesthésiait ses glandes lacrymales.Si seulement elle avait pu donner libre cours à ses pleurs…La journée avait pourtant bien commencé.Le matin même, elle s’était rendue dans la forêt pour relever des pièges tandis qu’Eugène, qui s’était foulé la cheville la veille en ramassant du bois, s’occupait du petit Thomas.On sentait l’approche du printemps et elle se réjouissait à l’idée que, dans trois semaines au plus tard, ils pourraient reprendre la route.Tout à sa joie, elle avait perdu la notion du temps.L’après-midi touchait à sa fin quand un coup de feu l’avait arrachée à sa rêverie.Elle avait souri.Eugène devait s’inquiéter de son absence prolongée
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