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.Je tenais mes yeux de mon père et, contrairement à ce que pensaient les mauvaises langues, Sennia n’avait pas hérité les siens de Ramsès mais de mon neveu, Percy Peabody, un infâme personnage mort pendant la guerre après avoir trahi sa patrie.Percy avait été l’ennemi intime de Ramsès depuis qu’ils étaient enfants.Une question d’hérédité sans doute car son père, mon frère aîné James, avait persécuté ma propre enfance.Nous avions recueilli Sennia après la mort de sa mère et elle était devenue notre première petite-fille.Une fois les enfants retournés en Angleterre, Emerson et moi étions demeurés seuls à Louxor où nous avions passé une morose saison de fouilles avant d’entreprendre une longue croisière sur le Nil.Il y a longtemps que nous nous étions promis cette escapade.Notre dahabieh, l’Amelia, avait d’abord filé vers le sud pour revoir le temple dédié à Horus à Edfou et le temple ptolémaïque de Kom Ombo consacré aux divinités Sobek, le dieu crocodile, et Haroeris, une forme ancienne locale du dieu faucon Horus.Puis nous étions allés jusqu’à Assouan pour une promenade romantique en felouque autour de l’île Eléphantine suivie d’une visite du Jardin botanique de l’île Kitchener, un refuge de fraîcheur fort apprécié des oiseaux.Nous poussâmes ensuite jusqu’au temple de Philae où Emerson se montra très empressé.En remontant, la moyenne Égypte nous offrit son cortège de sites prestigieux.Tell elAmarna, l’endroit béni où j’avais connu mon mari, mais qui était aussi– égyptologiquement parlant– la concrétisation en pierre du rêve grandiose du pharaon hérétique, Aménophis IV– Akhenaton.Il ne restait plus grand chose de la ville elle-même, hormis le tracé du palais royal et du grand temple attenant.Mais, malgré les outrages du temps, « l’horizon d’Aton » apparaissait toujours dans son cirque de montagnes percées des noires cavités des tombes qui témoignaient de la plus singulière des aventures religieuses et intellectuelles de l’ancienne Égypte.Ensuite, nous étions remontés jusqu’à Abydos, lieu de pèlerinage du tombeau d’Osiris, dieu des morts, où Sethi Ier fit construire son magnifique temple dont les sept sanctuaires préservaient, dans la pénombre, quelquesuns des plus beaux reliefs que nous ait légués l’Antiquité.Remontant vers le nord, nous revîmes la nécropole de Meir et ses tombes décorées évoquant la vie des Bédouins et des fellahs; puis Tihna elGebel avec son image colossale de Ramsès III, escorté des figures d’Amon et de Sobek.Après Kom el-Ahmar, la Butte Rouge, vaste nécropole dont les tombes venaient surtout du Nouvel Empire (XVIII° ou XIX° dynasties), Emerson refusa tout net de se rendre au Speos Artemidos, un lieu primitivement consacré à la déesse-lionne Pakhit puis dédié à la basse-époque à Artémis par les Grecs.Mon cher époux a certaines idées très arrêtées sur ce qui est intéressant ou non en Égypte.Par contre, il accepta que nous nous attardions à Beni Hasan, immense nécropole accrochée aux premières déclivités du désert arabique, et sa falaise creusée d’une multitude de tombes.En visitant quelques-uns de ces hypogées, Emerson disserta longuement de leurs différents types architecturaux : sans colonnes, à colonnes fasciculées et chapiteaux lotiformes et à colonnes cannelées protodoriques.Enfin le site de Dendérah nous fournit l’occasion de revoir l’un des plus beaux temples de la période ptolémaïque, dédié à la déesse Hathor, la dame du ciel.Je savais qu’Emerson avait une passion particulière pour les temples– comme moi pour les pyramides.Il resta pourtant silencieux.Et je n’insistai pas.En fait, j’avais vécu ce pèlerinage avec une joie mêlée de douleur, comme un adieu à toute une période de ma vie… ***— Peabody, ma chérie, vous allez bien ? Mais enfin répondez-moi, crénom.Le beuglement me fit sursauter, sans compter que des mains fortes m’avaient saisie aux épaules et me secouaient sans ménagement.Comment avais-je pu ne pas entendre Emerson faire irruption dans le salon ? M’étais-je assoupie ? Ce ne serait pas la première fois que je me laissais aller discrètement à une petite sieste durant l’après-midi, mais je m’étonnai un peu que ma vigilance habituelle se soit… Mon Dieu.Le journal.Où était le journal ?— Emerson, lâchez-moi, je vous prie.Vous me secouez si fort que mes dents en claquent.J’apprécie le sentiment qui anime votre fébrilité, mon chéri, mais il est absolument inutile de me déboîter les épaules pour autant.— Que diable fichiezvous ainsi seule dans le noir aussi raide qu’un passe-lacet, Peabody ? Rugitil sans me lâcher.J’ai cru que vous aviez eu une attaque, bon Dieu.— Moi, je crois que Grand-maman dormait, fit une voix flûtée.— Bonjour, Charla, dis-je un peu sèchement.Bonjour, David John.Dormir, moi ? Hum– Où sont vos parents ?— Ils arrivent, Grand-maman.Ils se sont arrêtés un moment pour voir Lily.Et Sennia est avec eux.Les jumeaux ne se ressemblaient pas.David John était long et fin, avec les couleurs de sa mère – des cheveux d’or roux, des yeux bleus myosotis– et la peau dorée de son père.Il arborait un air innocent et ouvert des plus trompeurs alors qu’il était en réalité rapide, précoce, et concentré.Aux échecs, c’était même un redoutable prédateur, préparant des coups qui ne pardonnaient jamais une erreur ou une inattention.Il avait aussi des goûts bien arrêtés.Tout en manifestant, sans doute par déférence envers son grand-père, un intérêt poli pour l’archéologie, sa véritable passion se trouvait être la médecine, ce qui faisait le désespoir d’Emerson.David John tenait avec sa mère d’interminables conversations, en particulier sur la composition des différents fluides corporels, et j’avais parfois dû intervenir quand ces détails peu ragoutants épiçaient nos repas.Tout au contraire, sa sœur était petite et nerveuse, avec d’épais cheveux noirs bouclés et d’immenses yeux sombres.Un vif-argent.Avec son tempérament aussi emporté qu’irréfléchi, elle se mettait régulièrement dans des situations impossibles.Parfois, son amour envers les animaux me rappelait son père au même âge.Ramsès avait jadis enlevé un lionceau de sa cage dorée et la bête, élevée au biberon, avait fini ses jours dans la ménagerie de Chalfont Park.Mes pensées dérivèrent vers cette résidence dans le Yorkshire dont ma tendre amie et bellesœur, Evelyn Barton Forbes Emerson, avait hérité à la mort de son grandpère, le dernier duc en titre.C’était dans cette demeure, vénérable vieille bâtisse datant du Moyen ge et agrandie au cours des siècles, qu’elle vivait avec son époux Walter, le frère d’Emerson.Les (nombreux) enfants d’Evelyn et Walter, tous mariés, y revenaient souvent avec leurs familles…J’étais perdue dans mes rémini scences quand je fus à nouveau violemment secouée.— Peabody, vous allez bien ? Mais à quoi jouez-vous, bon sang ?— Ne jurez pas devant les enfants, Emerson.— J’aurais dû le faire plus tôt s’il fallait cela pour vous faire réagir, explosa-t-il à bout de patience.Qu’avez-vous donc ? — Je pensais à notre dernière croisière sur L’Amelia, répondis-je avec sincérité.C’était merveilleux, n’est-ce pas, Emerson ? J’ai vécu ce pèlerinage avec une joie mêlée de douleur, comme un adieu à toute une période de ma vie.— Bon, ditil en me relâchant.Si vous vous mettez à proférer des inepties sentimentales, c’est que vous êtes bel et bien redevenue vous-même
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