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.Gage, lui, avait lutté pour s'extirper des entrailles de sa mère terrifiée dans une ambulance roulant à tombeau ouvert sur la Route 65 du Maryland.Gage arriva le premier.Il descendit de son vélo qu'il poussa entre les arbres afin que personne ne puisse le voir de la route.Puis il s'assit sur le sol et alluma sa première cigarette de l'après-midi.Le tabac lui soulevait toujours un peu l'estomac, mais cet acte de défiance compensait la nausée.Assis à l'ombre des arbres, il fumait en s'imaginant sur un sentier de montagne dans le Colorado ou dans une jungle tropicale en Amérique du Sud.Partout sauf ici.Il avait tiré sa troisième bouffée, et inhalé la fumée avec précaution pour la première fois, quand il entendit un crissement de pneus sur la terre caillouteuse.Fox apparut entre les arbres sur Éclair, ainsi nommé parce que son père avait peint des éclairs sur le cadre.Il était cool, le père de Fox.— Salut, Turner.— O'Dell.Gage lui tendit sa cigarette.Fox l'accepta uniquement pour ne pas passer pour un ringard.Il tira une rapide bouffée malhabile et la rendit prestement à son ami.Ce dernier indiqua d'un signe de tête le sac accroché au guidon d'Éclair.— Tu as quoi là-dedans ?— Des brownies Little Debbies, des Nutter Butter et des tartelet-tes à la confiture, parfum pomme et cerise.— Cool.Moi, j'ai trois canettes de Budweiser.Les yeux de Fox ne furent pas loin de jaillir de leurs orbites.— Sans blague ?— Je te jure.Le vieux était bourré.Il n'en saura rien.Et j'ai encore mieux le Penthouse du mois dernier.— Tu rigoles !— Il les cache sous une pile de bazar dans les toilettes.— Fais-moi voir.— Plus tard, avec la bière.Tous deux tournèrent la tête vers le sentier et aperçurent Caleb qui poussait sa bicyclette sur les cailloux.— Salut, tête de nœud, lui lança Fox en guise de bienvenue.— Salut, les enfoirés, rétorqua Caleb.Après cet accueil d'une affection toute confraternelle, ils quittèrent l'étroit sentier pour s'enfoncer dans la forêt avec leurs bicyclettes.Une fois les vélos à l'abri, ils se répartirent les provisions de Caleb.— La vache, Hawkins, ta mère t'a donné à bouffer pour un régi-ment ! s'exclama Gage.— Tu te moqueras moins quand tu y goûteras, bougonna Caleb dont les bras protestaient sous le poids du panier.Mets donc ton sac sur ton dos et donne-moi un coup de main.— Je le porte à la main, objecta Gage qui souleva d'une chiquenaude le couvercle du panier et après s'être bruyamment moqué des Tupperwares, en fourra deux dans son sac.Prends aussi quelque chose, O'Dell, ou il nous faudra toute la journée juste pour arriver à Hester's Pool.Avec un juron, Fox sortit une Thermos et la glissa dans son sac.— C'est assez léger maintenant, chochotte ?— Va te faire foutre, marmonna Caleb.J'ai le panier plus mon sac.— J'ai les courses du marché plus mon sac, répliqua Fox qui exhiba fièrement ses précieux achats.Tu portes le blaster, Turner ?Gage haussa les épaules et prit la radio en déclarant :— Dans ce cas, c'est moi qui choisis la musique.— Pas de rap ! s'exclamèrent en chœur Caleb et Fox, mais Gage se contenta de sourire et fit défiler les stations jusqu'à ce qu'il tombe sur un remix en rap d'Aerosmith.Au milieu de virulentes récriminations, la petite troupe se mit en marche.Le feuillage dru atténuait les ardeurs du soleil et la chaleur esti-vale.Çà et là, entre les branches des épais peupliers et des chê-nes imposants, apparaissaient des taches de ciel d'un bleu lai-teux.Ils se dirigèrent vers l'étang au pas de charge, encouragés par les éructations du rappeur.— Gage a un Penthouse, annonça Fox.Le magazine de femmes à poil, abruti, précisa-t-il devant le regard vide de Caleb.— Ah bon ?— Ouais, je te dis.Allez, Gage, montre-le.— Quand on aura dressé le camp et sorti la bière.— La bière ?Instinctivement, Caleb jeta un regard inquiet par-dessus son épaule, au cas où sa mère se matérialiserait comme par enchantement.— Tu as de la bière ?— Trois canettes de mousse, confirma Gage, fanfaron.Et j'ai aussi des clopes.— Super, hein ? s'exclama Fox qui décocha un coup de poing dans le bras de Caleb.C'est l'anniversaire le plus génial de toute notre vie.— Je veux, approuva Caleb, secrètement terrifié.De la bière, des cigarettes et des photos de femmes nues.Si jamais sa mère l'apprenait, il serait privé de sortie jusqu'à ses trente ans.Sans même compter son mensonge.Ni cette expédition dans les bois pour aller camper à la Pierre Païenne, ce qui lui était formellement interdit.Il serait puni jusqu'à la fin de ses jours.— Arrête de t'en faire, railla Gage, une lueur de malice teintée de défi dans le regard.C'est trop cool.— Je ne m'en fais pas, mentit Caleb qui sursauta quand un gros geai jaillit d'entre les arbres avec un piaillement irrité.2Hester's Pool étant aussi interdit dans le monde de Caleb, il exer-çait sur lui un attrait irrésistible.Le petit étang brunâtre alimenté par les eaux d'Antietam Creek et caché au cœur de l'épaisse forêt d'Hawkins Wood était, selon la légende, hanté par une jeune fille étrange qui s'y serait noyée à l'époque des Pères Pèlerins [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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