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.Elle était déboussolée, morte, anesthésiée.Elle a commencé à fréquenter les bars louches, à suivre des types bizarres.Aujourd’hui, elle surnomme cela, « sa période glauque », et elle s’efforce de ne plus y penser, mais des images gênantes continuent à la poursuivre dans son sommeil.Elle a honte d’avoir fait certaines choses, de s’être prêtée à des jeux qui l’auraient dégoûtée si elle avait été dans son état normal.« Ce n’était pas moi, se dit-elle quand ces souvenirs l’assaillent.C’était quand j’étais folle… Je ne suis pas responsable.»Mais elle n’y croit qu’à moitié.*La batte de base-ball tendue vers le sol, elle fait le tour de la maison, frappant systématiquement les buissons, les touffes d’herbe.Elle est sûre qu’ils ont piégé les alentours.Les gumbo-limbos, ces arbres tropicaux qui poussent de manière anarchique, enserrent le bungalow de leurs branches hirsutes.Peggy finit par découvrir l’origine du claquement qui l’a réveillée.Un piège dissimulé dans les herbes, et qui s’est refermé sur un rat de palmier, le coupant presque en deux.Elle s’agenouille.Ce n’est pas la présence du mécanisme qui est étrange, c’est sa forme.On lui a donné l’allure d’une gueule de requin miniature.La courbe des deux mâchoires articulées ne peut tromper.Un jour elle s’y laissera prendre, elle posera le pied sur l’une de ces saloperies et se fera trancher les tendons.Elle est certaine que le ressort est assez puissant pour l’entailler jusqu’à l’os.« Salauds », murmure-t-elle pour elle seule en se redressant.Elle frappe rageusement les taillis qui l’entourent.S’il y a un autre piège, il se refermera sur le bois de la batte.Elle se demande si elle doit appeler la police.Elle l’a encore fait la semaine dernière mais ils ont pris un air gêné.— C’est délicat, lui a déclaré un sergent.Vous comprenez, ces types, ce sont des infirmes.Si on les harcèle, ils auront beau jeu d’alerter la presse et de monter l’affaire en épingle.J’enverrai quelqu’un leur faire la leçon.Après ça, s’ils persistent…Elle a bien senti qu’ils ne la prenaient pas au sérieux.Ils ont dû déjà la ranger dans la catégorie des excentriques, pour ne pas dire des suspectes.Ne vit-elle pas avec un type plus jeune qu’elle ? Un drôle de mec fiché par les services de police… Il est certain que Brandon ne doit pas leur plaire, et que sa présence ne contribue pas à faire d’elle une citoyenne honorable.Peggy est la première à admettre que Brandon n’est pas un garçon sérieux, mais c’est le seul qui ait réussi à la tirer du mauvais trip où elle s’était engagée après la mort de sa sœur.Sans lui, elle ne sait pas comment elle aurait fini.Elle commençait à être connue dans le club très fermé des drogués de l’extrême.On se chuchotait son nom dans la pénombre des bars : « Peggy Meetchum, une fille un peu barge.Rien ne lui fait peur.On peut lui proposer des trucs, elle ne demande que ça… » Et des trucs, on lui en avait proposés, mais elle en voulait toujours plus.Elle était sur la mauvaise pente, celle qui conduit les filles tout droit aux snuff movies.Mais elle n’y pouvait rien.Dès qu’elle cessait d’avoir peur, elle se sentait morte.Seule la peur lui redonnait le goût de vivre, seule la peur la réveillait.Oui, sans Brandon, ce petit bon à rien, ce glandeur au sourire d’éternel teen-ager, elle aurait basculé pour de bon.*Ne trouvant plus rien dans les buissons, elle décide de rentrer au bungalow.Doit-elle parler de l’incident à Brandon ? Elle redoute ses réactions irréfléchies.Il est capable de voir rouge et de se précipiter au Club pour casser la figure à ceux qui ont posé le piège.C’est inenvisageable, on ne peut pas frapper des infirmes, même s’ils sont dans leur tort et s’ils se livrent à une campagne de harcèlement des plus douteuses.De retour dans la maison, elle se verse un whisky.Ses mains tremblent.« Tu devrais être contente, pense-t-elle, après tout, c’est ce que tu voulais, non ? Avoir peur ! »Elle sait que ses sentiments sont ambivalents.Les gens du Club l’inquiètent par leurs idées fixes, mais en même temps leurs farces dangereuses lui occupent l’esprit, et c’est ce dont elle a besoin en ce moment [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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