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.Ça me rassure de savoir que vous vous en occupez.Même si c’était une simple fugue.En sortant de la gendarmerie, je me disais que c’était pas possible, elle allait quand même pas se montrer encore plus chiante morte que vive !J’étais épuisé par cette journée, aussi je me promis d’aller le lendemain mardi à la pêche, pour me détendre.Ce que je fis.Le mercredi midi, ils étaient deux gendarmes à ma porte.– Excusez-nous, mais il y a un point de votre disposition qui ne colle pas… Vous n’êtes pas revenu directement ici.Vous avez déposé être parti de la pointe Saint-Gildas vers dix-neuf heures trente.Vous auriez dû être là vers vingt heures dix.Mais un témoin vous a vu arriver ici vers vingt heures quarante.Soit plus d’une demi-heure plus tard.– Oh ! excusez-moi, dis-je en prenant l’air penaud.J’étais tellement dépité et malheureux de ce qu’elle me fait subir que j’ai poursuivi mon chemin jusqu’à l’entrée de Saint-Brévin avant de reprendre l’autre voie et de revenir ici.Le gendarme marqua un temps de silence et regarda son collègue d’un air entendu.– Nous comprenons, dit-il.Ils me quittèrent en me jetant presque un regard de pitié.J’allai me servir un armagnac en la maudissant.Où pouvait-elle bien être encore !Puis, résigné, je retournai à la pêche tous les jours suivants.Sans autres nouvelles des gendarmes.De toute façon, l’essentiel était qu’elle fût morte, non ? Que j’en fusse débarrassé à tout jamais.Le corps, on s’en foutait.Et puis j’oubliais tout quand j’allais à la pêche.Comme une thérapie me préparant à un nouveau départ.Alors basta les conneries de Christine !8Mais neuf jours plus tard, ce mercredi 11 juin, après cette pêche cauchemardesque d’il y a à peine deux heures, je n’arrivais toujours pas à me défaire de cette vision hallucinatoire des morceaux aquatiques de Christine.Ça me semblait à la limite de la dinguerie.Le remords pouvait-il provoquer de telles visions ? Mais je n’en éprouvais strictement aucun !Ou l’effet du soleil.J’ai peut-être halluciné sur un gros crabe que j’ai pris pour un crâne ? Une solette ou une étoile de mer que j’ai prise pour une main ?Mais t’es con ! T’as déjà vu un crabe avec des cheveux ? Une sole avec une alliance ?Et si je suis tombé sur ces morceaux de barbaque, d’autres vont aussi tomber dessus ?Ils vont me la retrouver, ces empaffés de gendarmes ! On va la leur apporter en petits morceaux.Même que ça sera peut-être pas complet.Mais ils s’en foutent.Et qu’est-ce que vous faisiez là à pêcher sur les lieux du crime ?Nous avons deux témoins ! La vieille dingue et le beauf.Niez pas !Peut-être même que vous n’alliez à la pêche rien que pour mettre chaque jour un petit morceau de votre femme à l’eau ?Vous êtes fait, mon gaillard !Au secours ! Réveillez-moi !Fallait en convenir, elle était plus chiante morte que vive.Mais, crétin, tu l’as tuée.D’accord.Tu l’as trucidée.Mais t’en as pas fait des confettis de la Christine ! T’es bien placé pour le savoir.Alors qui l’a découpée ? Qui a pu trouver le corps ? Qui a pu te suivre ?Oui, fallait voir les choses rationnellement, logiquement, froidement.Quelqu’un avait suivi tous mes faits et gestes et m’avait tendu un piège diabolique.Mais qui était diabolique dans son entourage ?Je ne connaissais pas tous ses amants.Je ne pouvais pas savoir.Jean, il était au boulot.C’était un salaud, mais il n’avait rien de diabolique.Son fournisseur ? Mais il avait besoin d’elle comme courtier.La concurrence ? Pourquoi pas.Ce pouvait être une piste.En tout cas, c’était quelqu’un qui m’en voulait bougrement et voulait me faire porter le chapeau.Il y avait pourtant plus simple.Me dénoncer.Mettre le cadavre de Christine dans mon coffre de voiture.Le balancer près des poubelles dehors.Non.Ce qui était sûr, c’était que celui qui m’en voulait m’en voulait vraiment à mort.Mais je n’avais jamais fait de crasse à personne.Ou pas plus que tout un chacun.J’étais réglo en affaires.Tiens, en parlant d’affaires, qu’est-ce que je pourrai bien raconter à son grossiste s’il se manifeste ?Ce type, que je ne connaissais pas, je ne le sentais pas.Vraiment pas.Grossiste en coke, c’est pas un commerce, ça.C’est de l’entreprise criminelle.C’est du pourri assuré.Je ne voyais, en fin de compte, que Jeannot sur qui compter.Lui seul pouvait comprendre la disparition mystérieuse de la Christine.Il la connaissait même avant moi l’enculé.Mais c’était lui qui faisait tourner la boutique en mon absence.Je ne pouvais pas me permettre la faillite en le faisant venir s’il y avait du malfaisant qui rôdait autour de moi.De toute façon, dès ce soir ou demain matin première heure au plus tard, les gendarmes seraient là pour m’annoncer la découverte de ma femme et m’arrêter sur-le-champ.E finita la commedia !9C’est drôle la nature humaine.Je dormis malgré tout comme un bébé.Peut-être parce que j’avais admis l’inéluctable.Le foirage de mon plan génial pour me débarrasser de Christine.Celle-là, on pouvait dire qu’elle m’avait porté la poisse de bout en bout.Mais je ne fus même pas réveiller par les gendarmes.Seulement par la faim.Ils devaient être à la bourre, c’est tout.D’ultimes vérifications.Peut-être un problème d’identification.Ils avaient peut-être pas pensé tout de suite que c’était Christine.Ils avaient pris du retard, c’est tout.Mais moi, je savais bien que c’était elle.Il n’y avait pas d’illusion à se faire.J’avais déjà moins faim.J’avalai deux bols de café noir coup sur coup en grignotant un croûton de pain.Je passai la matinée à tourner en rond.Je n’osais même pas aller chercher le journal.Puis je me plantai devant la télé pour essayer de ne plus penser.Rien aux infos régionales.Au milieu de l’après-midi, je me décidai à aller acheter Ouest-France et Presse Océan.Comme je n’achetais jamais de journaux, je ne voulus pas me faire remarquer et je filai à Saint-Brévin-les-Pins.Je balayai chaque page avec nervosité – excepté les feuilles sports et spectacles – à l’intérieur de ma voiture où je me mis à transpirer à grosses gouttes par ce temps lourd.Rien.Pas la moindre trace des morceaux.Pas même une allusion.Je revins à la villa où personne ne m’attendait.À dix-neuf heures, le téléphone sonna.Je me précipitai pour décrocher fébrilement.– Allô !On avait raccroché.Pareil une heure plus tard.J’appelai le Jean.– T’as essayé de m’appeler ?Il était surpris.– Pourquoi ? tout va bien ici.Je m’excusai et raccrochai car c’était l’heure du coup de feu au restau.Je m’endormis devant la télé.Me réveillai deux heures plus tard et me rendis compte que je n’avais pas mangé de la journée.Je me fis réchauffer une boîte de cassoulet que j’eus un mal fou à digérer.Plus à cause des nerfs que de la bouffe [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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