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.Faut que t’apprennes à dominer tes nerfs, ma petite.C’est toujours ça qui te perd…Sabrina jeta son épée et se rua sur lui, poings en avant.Puck fit ce qu’aurait fait quiconque face à une Sabrina Grimm en colère : il prit la fuite.Elle le poursuivit autour du lagon, plongea dans les broussailles, ressurgit de l’autre côté de la pièce et… se retrouva nez à nez avec Mamie Relda.L’expression de son visage, du moins ce qu’en laissait deviner son masque de beauté, paraissait sévère.— Vieille dame ! cria Puck, effrayé (c’était le nom qu’il lui donnait).Votre visage ! Un lutin vous a jeté un sort !— Lieblings, ça suffit.Il posa pied à terre et se réfugia derrière elle.— Puck, je viens te parler de l’araignée.— Ah, l’araignée.Comment ça s’est passé ? Est-ce qu’elles ont eu la peur de leur vie ? Laquelle des deux a fait pipi au lit ?— Je sais que tu ne pensais pas à mal, continua la vieille femme, mais les filles ont école demain et j’aimerais bien qu’elles puissent se réveiller tranquillement, pour une fois.Puck la regarda comme si elle parlait chinois.— Ça ne va pas être drôle !Mamie, sans l’écouter, prit la main du garçon et y déposa tendrement la tarentule.— Mets-la à l’abri.Puck caressa doucement le dos poilu de l’araignée.— Tout va bien, mon p’tit.Est-ce que la vilaine fifille t’a fait peur ? Je sais, elle est horrible, mais tu n’as plus rien à craindre, maintenant.Sabrina fulminait.— Qu’est-ce qui se passe, ici ? demanda Daphné depuis le pas de la porte.Elle frotta ses yeux pleins de sommeil et regarda autour d’elle.— Daphné, ne reste pas là ! l’avertit sa sœur.La petite fille continua à regarder la chambre, bouche bée.— Ouah ! T’as un camion de glaces ! s’exclama-t-elle.Et des montagnes russes !— Daphné, écoute-moi ! cria Sabrina.L’œuf cuisait et, déjà, le ballon s’élevait lentement dans l’air…— Sabrina, pourquoi tu ressembles à une crotte de nez ? demanda Daphné, alors que la bascule basculait.La sirène se fit entendre.Aussitôt, la petite fille fut catapultée dans les airs et plongea dans la cuve gluante.Elle surnagea comme elle put et s’essuya le visage.— Qu’est-ce que c’est ?— De la colle et du lait caillé ! cria Puck.— Et des croûtons au vinaigre, ajouta Sabrina, retirant un morceau gluant de derrière son oreille.Daphné mit un certain temps à comprendre ce qu’on venait de lui dire.Puis un grand sourire lui monta aux lèvres.— Je veux recommencer !Mamie Relda l’aida à sortir de la soupe collante.— Tu nous as vues ? s’exclama Sabrina.On ne peut pas aller à l’école aujourd’hui !Soudain, sa colère fondit.On ne peut pas aller à l’école ! Je vais pouvoir continuer mes recherches !— Oh, lieblings, ça fait trois semaines que vous n’y avez pas mis les pieds ! protesta Mamie, le sourire aux lèvres.— On ira demain, proposa Sabrina.Avant qu’elle ait pu répondre, M.Canis apparut à la porte.Épuisé et fiévreux, il paraissait plus frêle encore qu’avant sa transformation, ce qui n’était pas peu dire.On avait envie de lui prescrire trois semaines d’arrêt maladie.— Les enfants ont de la visite, déclara-t-il, prenant appui contre le chambranle de la porte.— Merci, monsieur Canis, répondit Mamie Relda, presque maternelle.Allez donc vous reposer…Le vieil homme fit un signe de tête, puis repartit d’un pas traînant vers sa chambre.— Qui peut bien venir vous voir ? demanda Puck, jaloux.Sabrina haussa les épaules.En entrant au salon, ils découvrirent une femme maigre, sanglée dans un tailleur sévère.Postée près de la bibliothèque, elle leur tournait à moitié le dos et examinait un livre avec circonspection.— Bonjour, les filles, déclara Mlle Smirt en se retournant.J’espère que je vous ai manqué…3L’école de Port-FerriesMinerva Smirt n’avait pas changé depuis leur dernière rencontre.Elle était toujours aussi vieille et moche, et si maigre que ses os saillaient sous ses vêtements.Elle jeta un regard par-dessus son long nez crochu et examina la famille d’un air méprisant.Instinctivement, Puck recula.— Mon Dieu…— Mademoiselle Smirt, quelle bonne surprise, dit Mamie Relda sans beaucoup de conviction.Quel plaisir de vous revoir…— Les filles, préparez vos affaires, déclara Mlle Smirt, lançant un regard noir à la vieille dame.Vous retournez au foyer.Daphné glissa la main dans celle de sa sœur et la serra si fort qu’elle lui fit mal.— Dieu du ciel ! s’exclama Mamie Relda.Et pourquoi ça ?— Parce que vous vous êtes montrée d’une négligence coupable, madame Grimm !— Ça veut dire quoi ? s’étonna Daphné.— Ça veut dire qu’elle a échoué, expliqua Mlle Smirt, prenant de court Sabrina.Elle n’a pas tenu ses engagements, elle est inapte !Elle reprit son souffle et ajouta :— Vous n’êtes pas allées à l’école une seule fois depuis votre arrivée.J’ai envoyé à votre grand-mère une lettre lui rappelant la loi, sans la moindre réponse.J’en ai envoyé une deuxième, une troisième, et une quatrième.Sans résultat.Parce que votre grand-mère n’a pas pu trouver le temps de prendre un stylo pour m’assurer que vous receviez une éducation, j’ai dû prendre le train à cinq heures ce matin et supporter un voisin qui ne cessait de se renifler les aisselles.Et maintenant, je découvre que non seulement vous n’allez pas à l’école, mais que, de toute évidence, cela fait trois semaines que vous n’avez vu ni baignoire, ni savon !— Qui est cette femme ? s’étonna Puck.— Elle s’appelle Minerva Smirt, lui expliqua Sabrina.C’était notre éducatrice, au foyer.— Un exemplaire unique de vieille bique grincheuse, c’est ça ?Sabrina sourit
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