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.— Bonjour, Nagg ! Il y a déjà un moment que je t’ai aperçue, mais toute cette herbe mouillée m’avait empêché de venir jusqu’à toi.À la place d’un Djam reck amène et avenant comme Leuck-le-Lièvre à bon droit s’y attendait en réponse à son salut bien poli, ce fut un meuglement lugubre, un cri de douleur qui lui parvint et fit dresser non seulement ses poils non encore tout à fait secs, mais encore ses longues oreilles.Nagg-la-Vache s’était affalée par terre et sur elle Bouki-l’Hyène qui venait de l’étrangler.Leuck-le-Lièvre que peu de choses étonnaient de la part de Bouki-l’Hyène regarda simplement celle-ci puis Nagg-la-Vache qui finissait d’expirer, et s’inquiéta :— Mais nous n’aurons plus de lait !— Du lait ? je me moque bien du lait ! Me prends-tu pour un nourrisson ? Mais regarde toute cette viande, tous ces os ! C’est plus qu’une aubaine, c’est de la bouillie du Bon Dieu ! Allons aide-moi à dépecer cette imprudente pour la transporter plus facilement.Je connais Malal-Poulo son berger et je ne tiens pas à me trouver sur son chemin aujourd’hui avec son bien, même et surtout à l’état de cadavre.Leuck était bien obligé d’aider au dépeçage de la victime de son indésirable, dangereuse et compromettante compagne.Mais le Soleil se décidait enfin à arder et les multiples bruits de la savane, les moins matineux mêmes, maintenant bien éveillés, s’étiraient au loin, bâillaient après un long et bon sommeil.Et il fallait un prétexte pour s’écarter au plus tôt de ces parages qui allaient sous peu devenir moins tranquilles sans aucun doute.— Je vais te chercher du bois mort, proposa-t-il à Bouki.— La chair crue a bien meilleur goût, estima Bouki-l’Hyène.— Chez nous on préfère la viande cuite, grillée ou même bouillie, affirma Leuck-le-Lièvre.— Comme il te plaira.Mais c’est moi qui vais chercher du bois mort, décida Bouki-l’Hyène qui craignait que son petit compagnon n’allât ameuter et ramener autour de sa vache tout le peuple de la brousse.Et elle s’en fut en quête de bois mort.Leuck-le-Lièvre trouvait bien et pour cause, que la matinée avait été déjà bien remplie, et pensait toujours à détaler.Mais des leçons que recevaient les levrauts dès leur tendre enfance et avant leur sortie de case, les premières avaient toujours été de ne jamais manquer le moindre tour que l’on pouvait jouer à Bouki-l’Hyène pour la peur que celle-ci faisait couler dans le sang de la race des Lièvres et que chaque génération suçait avec ses paupières tétées.Leuck secoua fortement la tête et le clap-clap de ses longues oreilles le débarrassa pour un temps de la peur qui ne l’avait pas quitté depuis le creux du sentier et depuis il ne savait plus combien de temps.Il fit un bond de côté, tourna la tête à droite, puis à gauche, et pour dégourdir ses jambes qui s’étaient un peu ankylosées fit un petit trot vers un baobab dont l’ombre s’approchait des tas de viande et d’os de la vache de Bouki-l’Hyène.Il en faisait le tour quand il s’arrêta, museau levé, fronçant son bout de nez.Il venait d’apercevoir un trou au tronc de l’arbre.Et comme il n’est de baobab dont le tronc ne soit creux.Leuck-le-Lièvre traîna jusqu’au baobab et jeta dans le tronc creux la vache de Bouki, morceau par morceau, viande et os, pattes et peaux, tripes et boyaux, excepté la tête qu’il enfouit en terre jusqu’aux cornes, puis entra lui-même dans l’arbre comme la dépouille mortelle d’un griot du temps jadis.— Leuck ! Ô ! Leuck ! Où es-tu, enfant de malheur ? Qu’as-tu fait de ma vache dont ces impudentes mouches se partagent le sang, avec la Terre cette gloutonne ?Bouki-l’Hyène était revenue avec un fagot de bois mort qui lui écrasait l’échine et infléchissait ses fesses déjà bien basses.— Nous sommes ici, la vache et moi ! fit une voix sourde comme le roulement étouffé d’un tam-tam de guerre.— Où ici ? s’informa Bouki-l’Hyène tournant le nez à droite puis à gauche.— Ici sous la terre qui s’est ouverte après ton départ et nous a engloutis ta vache et moi.Je ne vois plus que le bout de son mufle car je suis encore accroché, heureusement pour moi, à ses naseaux.Ce sont ses cornes qui nous retiennent encore certainement la tête et moi au-dessus de ce trou noir et insondable.La voix roulait comme le tonnerre et entourait Bouki-l’Hyène qui ne savait de quel côté elle lui venait.Tournant autour de ses fesses basses après s’être débarrassée de sa charge de bois mort, elle aperçut les cornes de sa vache fichée en terre ; se précipita, tira sur les cornes et la tête la suivit dans la chute qu’elle fit sur son derrière.— Hum ! fit-elle du nez en se relevant.La terre a de bien bonnes dents et un bien gros ventre à ce que je vois.Leuck ! Ô ! Leuck ! Où es-tu enfant de malheur ?— Ici.i.i.!…Bâ-Nyoli-l’Autruche qui passait et dont la petite tête bourdonnait à l’immense voix, entendant les cris de Bouki-l’Hyène vint s’informer, battant toujours des ailes qui ne lui servaient jamais à voler et dansant toujours comme un champion de lutte vieilli.Bouki-l’Hyène lui apprit qu’elle avait perdu son petit compagnon Leuck-le-Lièvre.— Leuck ! Ô ! Leuck, où es-tu ?— Ici.i.i ! ! !— Il est peut-être dans les branches fit Bâ-Nyoli-l’Autruche en levant sa petite tête.— Non ! fit Bouki-l’Hyène, la voix vient de dessous terre.Leuck ! Ô ! Leuck, où es-tu ?— Ici.i
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