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.— Faites comme Triaire : brodez !Le prince s’assit enfin.Il semblait impatient de chasser ce capitaine qui allait l’alléger en grande partie de ce fardeau.— Bref, mes grenadiers gardent l’hôtelier et la chambre de cette pauvre femme, le corps a été enterré.Margont leva les yeux au ciel.— Le corps a été enterré ! répéta le prince d’un ton sans appel.Tout ce que quelques soldats et les habitants de Tresno savent, c’est qu’une femme a été assassinée.On ignore qu’un officier est en cause et que la victime a été retrouvée dans un état effroyable.Maintenant, j’écoute vos questions.— Pourquoi ne pas confier cette affaire à la prévôté puisque.— Impossible ! Il y aurait forcément des fuites.Cette enquête ne doit pas être menée par une foule de personnes, il me faut un seul limier qui n’aura de comptes à rendre qu’à moi-même.Les fuites engendreraient la rumeur que je crains presque autant que les Russes.Par ailleurs, elles risqueraient de parvenir aux oreilles de l’assassin qui apprendrait ainsi que nous savons qu’il est officier.Nous perdrions notre seul atout.Margont devina une troisième raison.Il était sous les ordres du prince Eugène.Il ne possédait aucun autre interlocuteur dans cette affaire.Or s’aliéner le prince pouvait lui coûter extrêmement cher.À l’inverse, un enquêteur de la prévôté aurait eu à rendre des comptes à sa propre hiérarchie.En choisissant Margont, le prince s’assurait le contrôle absolu de l’enquête.Il aurait toute latitude pour statuer sur le sort du coupable si celui-ci était démasqué.Et si ce dernier était un officier supérieur, serait-il équitablement jugé et condamné.ou discrètement muté à « Vieja la va au diable » ?— Pourquoi moi, Votre Altesse ?Le vice-roi se leva et saisit un porte-documents posé sur le sofa.Il l’ouvrit prestement et en retira une quinzaine de feuilles.— Vous avez été choisi d’après de nombreux critères.Je sais tout sur vous, capitaine.Votre enfance, votre brève carrière religieuse forcée, votre parcours militaire, vos opinions, vos lectures, les noms de vos amis.— Puis-je savoir d’où Votre Altesse tient tous ces renseignements ? Impossible de dresser ma biographie en une nuit.Le prince prit l’air triomphant de celui qui voit ses prévisions s’accomplir à la lettre, lui donnant l’illusoire, mais grisant sentiment de pouvoir tout contrôler.— Voici plusieurs années, j’ai fait dresser par Triaire une liste secrète de quelques personnes aux compétences variées.Mon idée était de créer mon propre réseau d’espions.Mais finalement, ceux qu’utilise l’Empereur sont si efficaces – Schulmeister en est l’archétype – que j’ai renoncé à mon projet.Cependant Triaire a continué à tenir ce registre, biffant les noms de ceux tués au combat, en ajoutant d’autres.Un jour, votre nom y est apparu.— Et il n’y a qu’une seule façon d’être rayé ?Le prince ignora la question.Il tournait les pages de son dossier avec nonchalance, comme s’il effeuillait une marguerite.Les comptes rendus étaient rédigés d’une écriture si petite et si serrée que l’on aurait dit des pages de Bible.Triaire avait mené son enquête à la perfection.À chaque page que le prince parcourait, Margont se sentait un peu plus mis à nu.Le vice-roi releva enfin la tête.— Je n’ai guère le temps de prêter attention à votre vie, même si celle-ci semble avoir passionné mon bon Triaire.Mais parlons de la bataille d’Eylau à laquelle vous avez participé.Ou plutôt des lendemains d’Eylau.C’est à cette époque que vous êtes devenu un peu plus critique vis-à-vis de l’Empereur.Margont écarquilla les yeux.Seuls ses amis les plus proches, Saber, Lefine et Piquebois, connaissaient aussi précisément ses opinions.Lequel avait renseigné les hommes de Triaire ? Certainement Lefine.Quoi qu’il en soit, il devait réagir.— Votre Altesse, je sers fidèlement l’Empereur et les idéaux de la Révolution depuis toujours et je.— Je sais ! Autrement, vous ne seriez pas sur ma liste ! Disons que vous ne faites pas partie de ceux qui pensent que tout – absolument tout – ce que fait l’Empereur est parfait et admirable.Et, en homme prudent, vous réservez vos reproches à vos amis intimes.— Pas assez intimes, il faut le croire.— Les seuls amis intimes qui gardent les secrets sont ceux qui sont morts.— Je n’irai pas jusque-là avec celui qui m’a trahi.Il y eut un changement dans l’attitude du prince.Ses traits s’adoucirent.L’homme reléguait temporairement le vice-roi.— Pourquoi ce changement en 1807 ? C’est bien la bataille d’Eylau, n’est-ce pas ? Je dois reconnaître que moi-même.On peut admirer le génie des combinaisons tactiques des généraux, l’héroïsme de certains soldats, les faits d’armes épiques, mais on ne peut pas ignorer les carnages qui vont de pair [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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